La vie c'est des étapes... La plus douce c'est l'amour... La plus dure c'est la séparation... La plus pénible c'est les adieux... La plus belle c'est les retrouvailles. (Jocaste <33333)

Messages : 738 Date d'inscription : 06/08/2017

La vie c'est des étapes... La plus douce c'est l'amour... La plus dure c'est la séparation... La plus pénible c'est les adieux... La plus belle c'est les retrouvailles.

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ocaste savait bien qu'elle serait la seule à réserver un tel accueil à son époux, et si dans un sens (tout à fait graveleux) c'était effectivement préférable, elle s'inquiétait tout de même un peu de ce que seraient les conséquences pour son époux. Jocaste n'avait rien pu y faire. Elle n'avait jamais oublié Geoffroy, elle n'avait jamais oublié à quel point elle l'aimait, et le seul fait de poser les yeux sur lui avait tout fait remonter à la surface (et rien n'était complètement enfoui en même temps) : les souvenirs aussi bien que les sentiments.

Elle savait que certainement faiblesse de sa part, mais c'était ainsi. Elle n'avait pas pu lutter, elle n'avait pas cherché à lutter... elle avait cédé, et céder lui avait fait un bien fou. Elle voulait vraiment penser qu'elle avait raison de rendre toute sa confiance et tout son amour à l'homme qu'elle avait épousé, mais il ne fallait pas espérer une telle clémence de la part d'autre personne... Une telle naïveté, aussi, sans doute, car toute lucide et intelligente était-elle en temps normal, elle ne réfléchissait qu'avec son coeur en cet instant, une attitude bien étrangère aux habitudes de cette femme de raison.

Alors oui, elle savait pertinemment que Geoffroy allait être interrogé, longuement interrogé, et que la situation n'allait pas être simple du tout pour lui, c'était une chose dont elle avait pleinement conscience... et qu'elle acceptait, quelque part. Elle avait besoin que d'autres se chargent de ce qu'elle n'était pour sa part pas capable de faire. Elle aimait beaucoup trop son mari pour réussir à être objective, pour lui soupçonner le moindre fragment de malice, pour reconnaître qu'il n'était peut-être revenu que pour nuire à tous les Féeriens.

Geoffroy se montrait extrêmement confiant néanmoins. Jocaste n'arrivait pas à définir s'il l'était bel et bien ou s'il se contentait de prétendre l'être parce que c'était plus simple de cette façon que d'avouer qu'il appréhendait ce qui lui arriverait. Il essayait sans doute de lui faire comprendre qu'il n'avait rien à se reprocher, ce qu'elle ne demandait qu'à croire effectivement. Mais si toutes ses excuses ne suffisaient pas ? Si on décidait de ne prendre aucun risque le concernant ? Forcément, elle essayait d'occulter ces craintes, mais elles n'en demeuraient pas moins présentes malgré tout. Et elle était obligée de les évoquer au passage.

-Si jamais il doit se passer quoi que ce soit. Si on devait te demander de t'en aller, où que ce soit... je... Elle hésita, elle n'aimait pas ce qu'elle s'apprêtait à dire, mais elle savait qu'elle ne serait pas capable de faire autrement. Je partirais avec toi.

Même si sa place était autant auprès de son époux que de sa reine.

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Geoffroy avait parfaitement conscience que son retour n’allait pas plaire à tout le monde. De ce qu’il avait compris, la barrière qui avait été mise en place entre les deux royaumes venait du roi Edgar, autant dire qu’il y avait donc que peu de chance que ce dernier apprécie de découvrir qu’elle était détruite. Il était aussi évident qu’on se demande pourquoi il était de retour, qu’on se questionne à son sujet. Geoffroy était prêt, il avait conscience qu’on allait l’interroger longuement qu’on allait mettre en doute ses propos et sans doute qu’il allait devoir faire ses preuves. Mais l’homme était prêt dans tous les cas, parce qu’il avait le sentiment d’avoir enfin retrouvé sa place.

Sa place était auprès de Jocaste, c’était le cas depuis le jour de leur mariage et ça allait être le cas jusqu’à sa mort. C’était ainsi, pendant vingt ans l’homme avait tout fait dans le but de retrouver son épouse et maintenant que c’était le cas, maintenant qu’ils se retrouvaient enfin, il était évident que Geoffroy n’avait pas l’intention de laisser quoi que ce soit, ou qui que ce soit les séparer. Il savait bien qu’il allait devoir prouver sa loyauté et il était prêt à le faire. Il n’avait aucune raison de douter, il n’avait aucune raison de craindre les interrogatoires, les questionnements, les regards des autres, parce que Geoffroy était droit dans ses chaussures. Il avait confiance en ses capacités, parce qu’il avait confiance en ses convictions. Il fallait encore qu’il parvienne à convaincre les hautes autorités de Féerie, bien évidemment, mais il osait croire qu’il allait y parvenir. Parce qu’il était honnête, parce qu’il n’avait pas l’intention de faire quoi que ce soit contre Féerie, bien au contraire.

Quand Jocaste reprit la parole, Geoffroy voyait bien que son épouse ne pouvait taire ses craintes, c’était normal. Il avait envie de la rassurer, mais tant qu’il n’aurait pas eu l’occasion de parler directement avec le roi, il était évident qu’elle aurait de bonne raison de craindre sa réaction. L’entendre parler comme ça lui serra le cœur, même si forcément… l’entendre affirmer que s’il devait partir quelque part, elle partirait avec lui. C’était la dernière chose que Geoffroy voulait, mais en même temps c’était quand même touchant de l’entendre parler comme ça. Après presque vingt ans de séparation, ils tenaient encore l’un à l’autre, même plus encore d’ailleurs. Ils ressentaient toujours ce besoin d’être ensemble, ces sentiments. C’était ce dont Geoffroy avait eu le plus peur, rentrer et constater que son épouse en aimait un autre, avait refait sa vie sans lui, qu’elle n’avait plus besoin de lui autant qu’il avait besoin d’elle. Mais non, ils étaient toujours sur la même longueur d’onde, ils étaient tout l’un pour l’autre.

« Ta place est ici. » Dit-il doucement, prenant le visage de son épouse entre ses mains, son regard plongé dans le sien. « Et la mienne aussi, à tes côtés. » Il aimait l’entendre lui dire qu’elle partirait avec lui, mais il n’avait évidemment aucune envie qu’elle se retrouve à devoir tout quitter. Jocaste l’avait dit, les Basiel était comme une seconde famille pour elle. Il fallait que tout se passe bien. « Ils comprendront qu’ils n’ont aucune raison de s’en faire, je te le promets. »

C’était une promesse que l’homme ne pouvait peut-être pas faire, mais il allait en tout cas tout mettre en œuvre pour qu’on ne doute pas une seule seconde de sa bonne foi.

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ocaste ne pouvait définitivement pas contredire son mari, en l'occurrence, c'était effectivement ce qu'elle pensait bel et bien elle aussi : sa place était en effet ici, auprès du roi et de la reine, au service de cette dernière. Elle n'avait su quel sens donner à sa vie après la disparition de son époux. Elle s'était sentie perdue, désoeuvrée... et c'était la famille royale qui l'avait sauvée. En se mettant à leur service, elle avait trouvé un autre but à son existence. Cela n'ôtait rien au manque qu'elle éprouvait de l'homme qu'elle avait épousé, constamment, mais ça avait, sans l'atténuer, le mérite de le rendre tout de même plus supportable. Elle ne se voyait pas partir, ici et maintenant, mener une autre vie et trahir dans la foulée tous ceux qui avaient fait d'elle qui elle était... mais elle restait lucide.

Entre Geoffroy et le reste du monde, son choix était fait, et de longue date. Elle avait pu oublier cet état de fait quand l'homme n'était plus dans son sillage, quand elle l'avait cru mort, mais à présent qu'il était de retour, qu'elle réalisait l'aimer avec tout autant de force qu'autrefois, ça ne faisait pour elle aucun doute : c'était lui, lui avant tout le monde. C'était eux. Personne d'autre, il n'y avait qu'eux qui comptaient, et si au bout du compte, il lui fallait renoncer à tout pour ne pas renoncer à eux, alors elle le ferait, elle aurait des scrupules, oui bien sûr, mais en revanche aucune hésitation. Bien sûr, personne ne lui infligeait de choix à ce point cornélien, loin de là, et Geoffroy lui-même ne demandait qu'à rester ici, avec elle.

Mais elle voulait affronter toutes les possibilités. Leur avenir pouvait sembler certain tant qu'ils étaient dans les bras l'un de l'autre et réussissaient à oublier que d'autres personnes comtaient sur eux, que des enjeux qui les dépassaient de très loin accompagnaient le retour de Geoffroy. Mais il ne fallait pas qu'ils négligent ces éventualités, beaucoup de choses pouvaient en dépendre. Beaucoup trop de choses en fin de compte.

-Tu ne peux pas me promettre ça, répondit-elle alors simplement.

Ce n'était pas un reproche, c'était un constat. Ils s'étaient autrefois fait des promesses qu'ils n'avaient pas réussi à tenir. Personne n'était réellement responsable de cela, ils n'avaient pas à se le reprocher, mais les conséquences en avaient été catastrophiques. Elle ne voulait pas, surtout pas, faire face à ce genre de cas de figure encore. Elle savait que si cela devait se reproduire, elle n'y survivrait tout simplement pas.

-Mais moi je peux te promettre de rester auprès de toi quoi qu'il arrive. Et c'est ce que je vais faire.
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Si ça ne tenait qu’à lui, Geoffroy promettrait mont et merveille à son épouse, mais en même temps il avait bien conscience qu’il ne pouvait pas se permettre de prononcer trop de promesse qu’il n’était pas sûr de tenir. Il avait envie d’affirmer à Jocaste qu’ils avaient leur place ici – et c’était le cas, il le pensait vraiment, c’était dans ce royaume, près de cette souveraineté qu’était leurs places –, mais il ne pouvait pas affirmer à sa femme que tout irait bien. Geoffroy avait sincèrement envie que ça soit le cas, que les choses se passent bien, que personne ne l’empêche de reprendre une place dans ce royaume, auprès de son épouse. Mais en même temps, les événements lui avaient quand même prouvé que ce n’était pas forcément évident. Le destin pouvait parfois faire des mauvais tours, très franchement.

Dans l’idéal, Geoffroy avait envie évidemment que rien ne les empêche d’être ensemble et qu’ils aient leur place ici. Mais il ne pouvait pas présumer de la réaction des autres personnes alors… alors, il devait simplement prendre son mal en patience et voir comment les choses allaient évoluer. Geoffroy avait cependant grandement envie d’être optimiste, parce qu’il se trouvait auprès de Jocaste et que c’était quelque chose qu’il avait attendu pendant des années, en finissant par croire que ça ne serait jamais possible. Mais si, malgré le temps, il avait pu retrouver son épouse, alors il se disait que tout allait forcément bien se passer.

Mais Jocaste avait raison de rester terre à terre, il ne pouvait pas lui promettre que tout irait bien et qu’il n’aurait pas besoin de partir, mais elle… elle pouvait lui promettre de rester à ses côtés quoi qu’il puisse arriver. Il avait conscience que c’était quand même beaucoup de demander une telle chose à son épouse – et en fait, il ne lui demandait rien en réalité –, cela dit il ne pouvait qu’être touché par les mots de celle-ci. Par son geste, par ses mots, forcément, il était touché, il appréciait. Il n’avait aucune envie d’en arriver là et il allait vraiment tout faire pour pouvoir rester. Mais si ça devait tourner mal, Geoffroy devait bien avouer qu’il n’avait aucune envie de ne pas être auprès de sa femme, qu’il avait mis si longtemps à rejoindre. Oh, si elle devait prendre la décision de rester auprès du roi et de la reine surtout, alors qu’on lui demandait à lui de s’en aller… Geoffroy serait bien incapable de lui en vouloir en réalité. Parce qu’il comprenait qu’elle ne puisse pas forcément tout abandonner pour lui, qu’elle ne pouvait pas décider de tirer un trait sur presque vingt ans de vie simplement parce qu’il revenait. Il ne lui en aurait pas voulu donc, mais évidemment il était heureux d’entendre que ce n’état pas ce qu’elle voulait de son côté.

« Je ne sais pas ce que j’ai fais pour mériter une femme aussi formidable que toi. » Répondit-il, en caressant doucement sa joie. Elle l’avait attendu toute ces années, même en le pensant mort, elle était prête à tout quitter pour le suivre s’il le fallait. Forcément, il la trouvait formidable.

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ocaste ne saurait qu'être taxée de naïve, sans doute, par quiconque observerait cette scène d'un point de vue extérieur. A peine son mari retrouvé, un mari qu'elle n'avait pas revu depuis vingt ans et dont elle ne savait finalement rien de ce qu'avait été son existence durant ces deux décennies, elle était prête à tout lui concéder, à tout abandonner. Elle qui avait toujours été d'une loyauté sans faille envers la Couronne de Féerie, qui avait confié son existence - ou du moins ce qu'il en restait - à son roi et à sa reine, serait capable de leur tourner le dos si son époux devait être traité en paria, juste pour qu'il ne soit pas seul. Juste pour qu'elle ne soit pas seule. Bien sûr que c'était naïf, bien sûr que ce n'était pas une promesse réfléchie et raisonner. Mais elle ne pouvait pas taire ce que son coeur lui hurlait. Geoffroy était l'homme de sa vie.

Il était sa raison d'être et n'avait cessé de l'être, même quand elle avait cru ne plus jamais le revoir, même alors qu'elle le pensait mort. Un lien pareil était indéfectible, il transcendait la logique ou la morale. Bien sûr, si Geoffroy devait avoir des intentions contraires au trône, s'il devait ne plus être l'homme qu'elle avait tant aimé par le passé, elle reviendrait sur ses engagements et n'espérerait plus rien de lui. Mais elle avait bien trop le sentiment que l'homme sous ses yeux était exactement celui qu'elle avait quitté à contrecoeur tant d'années auparavant. Alors maintenant, plus rien ne devait les séparer. Et si cela faisait d'elle une épouse formidable, elle en était heureuse, il se pouvait surtout que cela fasse d'elle une camériste bien déloyale, et la désillusion faite femme.

-Formidable je ne sais pas, répondit tout de même Jocaste, pas par modestie mais parce qu'elle n'était pas certaine qu'elle révélait en cet instant ses qualité les plus pures en cet instant, mais qu'importe. Folle certainement. Oui, et quiconque l'entendrait la prendrait peut-être pour telle. Tant pis, il n'y avait personne pour les écouter quoi qu'il en soit. Tu es resté près de moi, même à mille lieues de moi... Et si j'ai supporté ces dernières années, c'est que ton souvenir m'a toujours accompagnée. Elle marqua une légère pause. Ce n'était que la vérité, si étrange pourrait-elle peut-être sembler à certains. Alors je crois qu'il est normal que je te rende la pareille à mon tour.

Sa vie n'avait plus été la même après son départ, elle ne serait plus la même après son retour. C'était ainsi. Quelque chose d'immuable.
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Geoffroy ne pouvait clairement pas promettre à son épouse que les Basiel allait accepter sa présence, mais il ne pouvait pas plus demander à Jocaste de le suivre si jamais ils ne voulaient pas de lui dans leur royaume. L’homme savait qu’il n’avait pas le choix, il allait simplement devoir convaincre le roi et la reine de sa bonne foi, il pensait pouvoir le faire parce qu’il avait toujours été d’une très bonne foi, mais en même temps il comprendrait que les souverains de Féerie se pose des questions. Il ne serait pas capable de leur en vouloir donc, mais en même temps il allait vraiment devoir les convaincre. Parce que même s’il appréciait les propos de son épouse et le fait qu’elle soit prête à tout quitter pour le suivre, il n’avait aucune envie de lui demander un tel sacrifice.

Jocaste avait déjà abandonné énormément de chose en le croyant mort. Après tout, son épouse aurait très bien pu refaire sa vie, se marier de nouveau – elle en aurait eu parfaitement le droit et même si Geoffroy aurait eu le cœur déchiré de le découvrir, il ne lui en aurait pas voulu non plus –, fonder une famille. Au lieu de cela, elle avait erré, elle n’avait été qu’une veuve pendant toutes ces années. Il tait hors de question qu’elle se retrouve à devoir faire de nouveau sacrifices. Et quoi que pense Jocaste, Geoffroy la trouvait définitivement formidable. Il avait conscience de la chance énorme qu’il avait de l’avoir à ses côtés, qu’elle l’ait attendu sans vraiment l’attendre… qu’ils puissent se retrouver enfin. Même s’ils devaient apprendre à se connaître de nouveau, qu’ils n’étaient plus les mêmes que vingt années avant. Mais Geoffroy n’avait pas peur, il savait qu’ils se retrouvaient pleinement et surtout qu’ils étaient toujours autant compatibles, même s’ils avaient forcément changé. L’homme sourit aux propos de son épouse, qui précisa qu’il était resté à ses côtés toutes ces années, que son souvenir l’avait accompagné depuis toujours et qu’au final, elle se contentait simplement de lui rendre la pareille. Ils se rejoignaient sur ce point, c’était le souvenir de l’autre qui leur avait donné la force de continuer. Le souvenir de Geoffroy donnant la possibilité à Jocaste de continuer de vivre, celui de Jocaste qui donnait à l’homme l’espoir de rentrer un jour dans son foyer.

« Je serais bien incapable de survivre sans toi à présent. » Il avait tenu toutes ces années, il avait patienté, il avait pris son mal en patience afin de tenir et pouvoir rentrer chez lui, mais Geoffroy savait qu’il serait bien incapable de vivre sans Jocaste maintenant. Non pas qu’il ne puisse pas passer du temps loin d’elle, mais il était hors de question qu’ils soient de nouveau séparés. Et c’était bien pour cela que l’homme allait tout faire dans le but de convaincre les souverains de Féerie. « Je ne laisserais plus rien nous séparer à nouveau. » C’était une promesse qu’il faisait à son épouse.

Une promesse qu’il avait bien l’intention de tenir.

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ocaste pouvait définitivement dire de son mari la même chose que ce qu'il disait d'elle. Elle aussi, et elle en était certaine, n'y survivrait pas une nouvelle fois si on devait la priver à nouveau de son époux. A le retrouver ainsi, à le sentir tout contre elle, à pouvoir l'entendre, lui parler, l'embrasser de nouveau, elle ne parvenait déjà pas à comprendre avoir pu se priver de lui tout ce temps. Peut-être que, inconsciemment, elle avait su qu'il reviendrait, et qu'elle savait donc devoir tenir jusqu'à son retour. Mais le perdre définitivement, vivre à nouveau sans lui ? C'était inenvisageable.

Le temps qu'ils avaient perdu, elle tenait à ce qu'ils le rattrapent, et elle sentait bien que dans les prochains temps, chaque fois que Geoffroy serait loin d'elle (ce qui arriverait forcément, ils ne pourraient pas vivre l'un sur l'autre constamment), ce serait un véritable déchirement. Elle ne voulait pas croire que ça se reproduirait, malheureusement, elle avait bien compris qu'elle n'avait sur les circonstances qu'un contrôle bien limité et qu'elle allait devoir faire avec.Eux, ce qu'ils pouvaient avoir de contrôle sur leurs vies, ils l'auraient en se soutenant, en restant ensemble, en gardant un cap commun, et en savourant chaque moment passé dans les bras l'un de l'autre. Jocaste décidait de croire son époux quand ce dernier lui affirmait qu'il ne laisserait plus rien les séparer de nouveau. Pouvait-il en être certain ? Non, bien sûr que non. Ce n'était pas eux, après tout, qui avaient décidé d'être séparés si longtemps pour commencer. C'était une chose qui avait été totalement indépendante de leur volonté. Et si cela devait se reproduire, une fois de plus, ils ne pourraient clairement pas le mettre sur le compte de leur initiative. Mais c'étaient des promesses qui restaient agréables à entendre.

-Ne pensons pas à l'avenir, décréta-t-elle finalement, même si forcément, de nombreuses questions se posaient, mais ils avaient verbalisé la plupart d'entre elles, elle n'avait plus envie de se faire la moindre inquiétude de quoi que ce soit à présent. Et ne pensons plus au passé. Je ne veux que songer au présent. M'endormir dans tes bras et c'est tout.

C'était tout ce qu'elle demandait. Se blottir dans ses bras, sentir la chaleur de son corps contre la sienne, entendre son coeur battre contre le sien, et fermer les yeux, apaisée par sa respiration. Elle voulait le retrouver, et c'est absolument tout. Le reste avait de l'importance, bien sûr, mais le reste serait toujours là à leur réveil. Et elle voulait garder dans sa mémoire ce moment unique.
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Geoffroy ne pouvait qu’être d’accord avec Jocaste quand elle lui affirma qu’ils ne devaient pas penser à l’avenir. Clairement, l’homme ne pouvait que considérer qu’elle avait raison, qu’ils ne devaient pas trop penser au futur et à l’avenir. Pas plus qu’ils ne devaient penser aux passées. Ce n’était pas si facile que cela, forcément, parce qu’au vu de la situation, les deux amants ne pouvaient que penser à ce qui s’était passé pendant toutes ces années, à la souffrance que ça avait été d’être séparé tout ce temps. De ne pas avoir pu profiter l’un de l’autre, de ne pas avoir été ensemble et d’avoir perdu beaucoup de chose, d’occasion. Ils avaient perdu tellement de possibilités…

Mais ils ne devaient pas se concentrer sur cela, Jocaste en avait bien raison. Ils ne devaient se concentrer sur le futur, ou encore sur le passé. Ça n’allait pas être facile, sans doute, de ne pas penser à tout cela et juste se contenter de profiter de l’instant présent, mais en même temps l’homme se disait justement que c’était ce qu’il devait faire tout simplement, parce qu’il fallait qu’ils se concentrent sur ce qu’ils avaient présentement. Geoffroy était heureux parce qu’il était enfin en compagnie de Jocaste, qu’il avait enfin retrouvé son épouse. Et quand il l’entendait affirmer qu’elle avait simplement envie de songer au présent, de s’endormir dans son bras… tout simplement. Geoffroy afficha un sourire, il sentait son cœur battre plus rapidement parce qu’il entendait des paroles comme ça, parce qu’il était heureux de constater que sa femme était heureuse de le retrouver. Il se sentait enfin à sa place, c’était la seule chose qui comptait sans doute. Même si forcément, ce n’était pas évidement… parce qu’il y avait encore beaucoup de question en suspens. Mais ils ne devaient pas y penser.

« Tu as raison, c’est tout ce qui compte. » Dit-il simplement, dans un fin sourire, avant de venir s’emparer de ses lèvres. Il devait simplement écouter les paroles de son épouse, se contenter de profiter du moment présent, sans penser aux conséquences, sans penser à ce qu’ils avaient perdu. « M’endormir à tes côtés… je crois que ça sera la plus belle nuit que j’aurais passé de ma vie. »

Cela faisait des années maintenant qu’il dormait seul, qu’il ne pouvait pas sentir la présence de Jocaste à ses côtés. C’était comme s’il était en train de vivre un rêve éveillé, alors qu’il pouvait avoir Jocaste de nouveau dans ses bras, qu’il allait pouvoir dormir à ses côtés. Et quand il allait se réveiller, elle sera encore là. Ce n’était pas qu’un rêve, comme ces nombreux rêves qu’il avait tendance à faire à longueur de temps depuis tout ce temps. Ça n’allait pas être comme ces rêves qui s’effaçait une fois qu’il se réveillait, non… Jocaste allait encore être là à son réveil.

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ocaste n'était pas certaine d'avoir entièrement raison, à vrai dire. En fait, elle était même certaine d'avoir tort, mais elle était heureuse d'entendre Geoffroy, en cet instant précis, être d'accord avec elle. C'était le moment de leurs retrouvailles, et rien ne devait le gâcher. Le reste, ils le gèreraient plus tard, parce qu'il le faudrait bien. Mais ici et maintenant, il n'y avait qu'elle et lui, et le bonheur qu'ils éprouvaient à être de nouveau ensemble. C'était ce sur quoi elle voulait se focaliser tant qu'elle le pouvait.

Car oui, bien sûr, à un moment donné, il faudrait bien qu'ils repensent au passé, parce qu'ils s'en étaient trop peu dit à ce sujet et qu'ils ne pouvaient espérer que leur relation demeure harmonieuse s'y venaient s'immiscer trop de non-dits. De même, évidemment qu'il leur faudrait penser au futur. Car leurs vies à l'un comme à l'autre n'allaient plus du tout être les mêmes à présent qu'ils étaient de nouveau ensemble. Il allait falloir qu'ils envisagent la manière d'aborder une vie à deux après s'être habitués à être seuls. Sans oublier tous les à-côtés, sur lesquels ils n'avaient aucune prise mais concernantt lesquels il était bien évidemment important qu'ils prennent des décisions, car malheureusement, le monde n'allait pas cesser de tourner sous prétexte qu'ils étaient dans les bras l'un de l'autre de nouveau. Ce serait bien, mais ce serait trop beau, et même en vérité ne le supporteraient pas si cela devait durer trop longtemps.

Mais pour l'heure, ils pouvaient envisager de mettre le passé et le futur en veilleuse. Jocaste ne demander qu'une chose, et c'était ce qu'elle avait. Le reste ne cesserait pas brutalement d'exister, mais le mettre de côté ne leur ferait pas de mal, loin de là... Et les problèmes sauraient bien le rattraper quand il le faudrait. Ils s'étaient attendus et espérés trop longtemps pour ne pas s'accorder cela. Juste ça. Ce moment de sérénité et d'apaisement, qui faisait qu'ici et maintenant, elle avait l'impression que le monde n'avait jamais été aussi harmonieux.

-Jusqu'à la suivante, et celle d'après, et celle d'encore après, répondit malicieusement Jocaste en se blotissant encore plus fermement contre son époux, s'autorisant à fermer les yeux, apaisée.

Oui, pour elle aussi, cette nuit serait la plus belle qu'elle ait jamais vécue, et elle s'en souviendrai toute sa vie, elle en était certaine. Mais ce qu'il y avait de beau, dans tout ça, c'est que la nuit qui suivrait, et encore la suivante, rien n'aurait changé d'un pouce. Tout resterait aussi beau, aussi certain, aussi agréable. Jusqu'à la fin.

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