FB - L’avenir, fantôme aux mains vides, qui promet tout et qui n’a rien. [pv Orianne]

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athaniel ne perdit rien de son sourire amusé quand Orianne affirma qu'il était bien sûr de lui. Evidemment qu'il l'était. Si lui-même ne l'était pas, qui le serait pour lui ? Il était de son devoir presque impérieux d'avoir en lui-même une confiance tout à fait impérieuse et irrévocable, peu importe qu'elle soit fondée ou non, et peu importe sur quel sujet, ça faisait partie de lui, tout simplement. Il était sûr de lui, oui, et pourtant, en effet, il n'avait pas la moindre idée de quand le fantôme avait poussé son dernier souffle, tout comme elle-même n'avait pas la moindre idée de quand il avait poussé son premier cri.

Il était très probable qu'elle soit née bien avant lui... et morte bien avant lui... Mais tout comme le silence alimentait toutes les spéculations concernant Orianne, Nathaniel alimentait sa propre légende en demeurant énigmatique en ce qui concernait son âge réel. Même si les indices le concernant étaient plus nombreux. Beaucoup de personnes encore vivantes l'avaient vu grandir et pouvaient attester d'un âge approximatif, mais passons. Ce n'était pas réellement important de savoir qui avait tort et qui avait raison. Ce qui était important, c'était d'alimenter la conversation. Et peut-être au passage de répondre un minimum à sa curiosité. Car en vérité, Nathaniel se posait beaucoup de questions au sujet d'Orianne. Et c'était une chose que le fantôme devait évidemment savoir, car l'ancien prisonnier ne s'en cachait pas réellement.

-Je ne fais que des choses qui me ressemblent, je ne verrais aucun intérêt à faire le contraire.

Mais il savait quel intérêt trouvaient certaines personnes au fait de faire des choses qui ne leur ressemblaient pas. Et il connaissait de sacrés spécimens à ce titre. Mais ce n'était pas à eux qu'il avait envie de penser, ce n'était pas sur eux qu'il avait envie de se focaliser, mais bien davantage sur son interlocutrice, en l'occurrence.

-Donne-moi tort, je t'en prie. Dis-moi quand tu es morte.

Quand elle était morte mais surtout comment, car c'était davantage cette information-là qui l'intéressait réellement, même s'il ne le formulait pas de cette manière. Mais après tout, qu'avait-elle à perdre à lui raconter son histoire. Si ce n'est un peu de son temps, c'est vrai... mais elle en avait clairement à revendre.

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athaniel devait bien avouer qu'il était relativement curieux d'en savoir plus sur ce qu'avait été la vie d'Orianne avant sa mort, tout comme il était également curieux de savoir les circonstances précises de sa mort. Il savait qu'il ne suffisait pas de cuisiner son interlocutrice encore et encore pour qu'elle consente à lui en dire plus, mais ça ne l'empêchait pas pour autant d'insister, ne serait-ce que parce que ça faisait partie du jeu. Oui, c'était un jeu sans vrai gagnant ni perdant, sans réellement de récompense à la clé, mais quelle importance ? Si Nathaniel préférait, tant qu'à faire, jouer pour gagner, il aimait assez également jouer pour le plaisir seul de jouer.

-Le simple plaisir de me donner tort ne te suffit-il donc pas ? demanda Nathaniel sans - comme toujours - se départir de son habituel sourire. Crois-moi, il y en a pourtant beaucoup d'autres qui ne demanderaient qu'à être à ta place, affirma le fugitif, toujours sur le même ton.

Ce qui était en partie vrai, car toute occasion de contredire cette tête à claque de Nathaniel ne pouvait qu'être bonne à prendre, mais qui ne l'était pas forcément non plus, car à vrai dire, même si Nathaniel parlait et agissait toujours en faisant mine de détenir toute la vérité et de tout savoir sur tout, il n'y avait définitivement pas besoin de creuser bien loin pour comprendre - et même lui faire reconnaître - que sur bien des aspects, il se trompait, faisait mine de se tromper, en tout cas n'agissait pas de sorte à ne jamais pouvoir être pris en faute.

-Si tu veux, on la joue comme ça, reprit-il plus sérieusement (dans la mesure où Nathaniel était véritablement capable de se montrer sérieux, autant dire, donc, que ça ne signifiait définitivement pas grand-chose en fin de compte). Tu me donnes une information sur ton passé et / ou sur ta mort, et en échange, je t'en offre une me concernant.

Pas qu'il s'imagine que sa vie passionnait spécialement le fantôme, mais il savait que, bien souvent, sa vie intriguait. Parce qu'il en faisait un mystère qui invitait justement à ce sentiment de curiosité. Et la curiosité, c'est certain, était définitivement la qualité (le défaut ? Il n'était pas forcément fixé sur la question) qu'il préférait entre tous.

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a fantôme et le fugitif se volaient régulièrement dans les plumes, mais il y avait une chose qu'ils ne pouvaient en rien ignorer, et c'était, de toute évidence, qu'ils cultivaient la même passion du divertissement, au point de savoir transformer en jeux des situations qui ne s'y prêtaient pas forcément, au point de s'amuser aux dépens de l'autre ou à leurs propres dépens quand c'était le prix à payer pour se donner une légère illusion de victoire, qui après tout était toujours bonne à prendre.

En l'occurrence, il estimait que le marché qu'il proposait à Orianne était ce qu'il y a de plus honnête (et de sa part, un marché honnête, ce n'était clairement pas rien, et il fallait savoir l'apprécier comme tel). Maintenant, il fallait qu'ils daignent y jouer dans les règles de l'art et sans mentir ni tricher, et là, c'était une autre paire de manches. cela étant dit, Nathaniel était prêt à se montrer sincère avec Orianne. Dans ces conditions, ce n'était pas trop difficile à lui promettre, puisqu'il ne s'agissait pas de répondre honnêtement à la question de l'autre mais à dispenser les informations qu'ils choisissaient selon leurs envies et les indices qu'ils étaient prêts à dispenser sur leur vie... ou leur mort, donc.

Orianne se prêta au jeu et engagea donc les hostilités, en commençant par une affirmation facile, mais c'était bien souvent comme cela qu'on entamait ce genre de conversation, on commençait par quelque chose de tout à fait anodin et puis, progressivement, on montait crescendo, jusqu'à la partie intéressante. Nathaniel attendait du moins cela de cette conversation. Et il n'avait aucun mal à croire qu'il saurait aussi en convaincre la fantôme, par la même occasion.

-Elle est facile, celle-là, je ne t'aurais pas donné beaucoup plus.

Et puisque son apparence ne changeait pas, c'était un âge qu'il aurait pu deviner, à un ou deux ans près. Morte à dix-sept ans... il compatirait presque si il ne l'avait pas toujours connue morte. Mais il ne la dissociait pas de son statut de fantôt.

-Mais soit, à moi. Et pour le coup, il n'était pas difficile de savoir sur quoi embrayer. J'ai quarante-huit ans, c'est mon vrai âge.

Et c'est une information qu'elle peut estimer précieuse, car pour le coup, il a toujours laissé planer le mystère à ce sujet. En dehors de ceux bien placés pour le savoir, Edgar et Anthony, donc.

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n nouveau sourire, tout à fait amusé celui-ci, se déposa sur les lèvres de Nathaniel quand Orianne affirma qu'il était plutôt bien conservé pour un vieil homme. Eh bien, si à quarante-huit ans, on était un vieil homme, que faudrait-il dire d'Edgar et d'Anthony. Certes, Nathaniel était le premier à chambrer Anthony sur les dégâts que l'âge avait faits sur lui, mais en vérité, il aurait sans doute assez bien supporté de vieillir jusqu'à ses quarante-huit ans (pas forcément au-delà, maintenant qu'il y pensait)... ce n'était pas exactement pour la jeunesse éternelle qu'il avait fait le choix de conserver cette apparence. Enfin si, en partie, bien sûr, mais il n'y avait pas que ça, évidemment.

-Et je reste mieux conservé que toi, répondit Nathaniel d'un ton détendu quand Orianne remarqua qu'elle était plus âgée que lui.

Ce qui ne lui donnait qu'une bien maigre information sur la date de sa mort et sur les circonstances de cette dernière. Autant dire que le fugitif n'avait pas l'intention de s'en contenter. Il avait donné à Orianne une information très précise à son sujet, et qu'il n'avait jamais partagé avec personne, le moins qu'elle puisse faire de son côté était de lui donner une information un peu plus consistante que cela.

-Au passage, je ne considère pas cette remarque comme une information valable à ton sujet, j'en exige une autre.

Il comprenait que ça allait être un jeu de patience. Pourquoi pas, après tout, Nathaniel savait être patient... parfois. Il l'avait bien été, pendant près de vingt ans, alors qu'il mûrissait sa vengeance à l'ombre de sa cage. Bon, d'accord, on ne lui avait pas vraiment laissé le choix, ça jouait... mais ce genre d'expérience vous apprenait quand même à être un peu plus débonnaire... mais pas à l'excès non plus, il ne s'agirait pas d'abuser.

Donc patient, oui, mais en partie seulement. Il était vraiment prêt à livrer des informations inédites sur lui si elle faisait de même. Bon, possible qu'elle ait moins d'intérêt pour sa vie qu'il n'en avait pour sa mort (selon lui, ce serait bien dommage, mais ça...), mais il voulait croire qu'elle était suffisamment curieuse pour poursuivre cette discussion, alors...

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elon lui, les règles du jeu étaient très simples, une information donnée devait en entraîner une autre en retour, de pertinence équivalente, et puisqu'Orianne avait à l'évidence l'apparence de l'âge auquel elle était morte, il se sentait lésé par une information qu'il aurait pu déduire par lui-même. Oui, Nathaniel était joueur, très joueur, raison pour laquelle il était tout à fait capable de laisser à son interlocutrice des bribes d'informations qu'il n'avait jamais données auparavant. Seulement, il espérait en retour qu'on lui en "donne pour son argent", et pour le moment, il n'avait pas le sentiment que les cartes étaient réparties équitablement. Enfin soit, parce que ce jeu lui plaisait malgré tout beaucoup.

-Je ne triche pas, mais je crois que nous ne sommes pas d'accord sur les règles du jeu, répondit Nathaniel d'un ton amusé.

C'était ça, le truc, avec Nathaniel, il prétendait ne jamais tricher (ce qui était complètement faux) mais il prenait un malin plaisir à réinventer les règles au fur et à mesure du jeu et sans franchement de vergogne. Ceci dit, en l'occurrence il n'estimait pas avoir triché, il considérait bel et bien que son interlocutrice ne lui avait pas appris grand-chose. Ce n'est pas grave, il était tenace, à ce genre de jeu, il trouverait bien une manière d'en obtenir plus.

-Ca, tu me l'as déjà dit, tu radotes, répondit Nathaniel d'un ton amusé quand son interlocutrice lui redonna une information qu'elle lui avait déjà fournie, et que Nathaniel continuait de trouver bien maigre puisque l'âge de sa mort se lisait sur les traits fins de son visage. Au fond, ils étaient sans doute aussi mauvais joueurs l'un que l'autre, mais cela n'en rend leur conversation que plus intéressante, en réalité. Mais soit, je suis grand seigneur, prétend-il alors, passons à moi, mais ta prochaine information a intérêt à être croustillante. Il laissa passer quelques secondes de silence, plus pour entretenir le suspense que parce qu'il aurait véritablement besoin de réfléchir à la suite. Non, il savait très exactement ce qu'il va dire. Les informations un tant soit peu croustillantes à son sujet ne manquaient pas, il faut dire. C'était même monnaie courante chez lui. J'avais une filleule, de sang royal.

Eh, quand il affirmait ne pas plaisanter à ce petit jeu des confidences, mais il faut dire qu'il trouvait nettement matière à s'en amuser dans le processus.

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rianne ne fit aucun commentaire quant à l'affirmation de son interlocuteur, en même temps, ça faisait partie des règles du jeu - de ces règles qu'ils n'avaient pas établies et qu'ils distordaient à leur guise selon les circonstances. Elle se contenta de faire remarquer que personne de décent ne devrait faire de lui un parrain... ce qui était très certainement vrai, quoi que Nathaniel avait sans doute joué le rôle le plus positif dans l'entourage de Bertille à l'époque, même s'il n'était pas parvenu à la protéger - et oui, ça en disait effectivement long sur la toxicité de son entourage.

-Oh, je confirme, cet homme n'est pas le plus sain d'esprit au monde, répondit Nathaniel, un de ses éternels sourires aux lèvres.

Il ne pensait pas avoir besoin d'en dire plus. Outre le fait qu'il ne passait jamais à côté de l'occasion d'adresser un petit tacle à Edgar dès qu'il en avait l'occasion, il avait précisé que l'enfant était de sang royal - ce qui devait davantage poser d'autres questions, puisqu'il ne pouvait pas s'agir de Gabriel pour autant, qui, aux dernières nouvelles, était toujours un homme, et qui au passage était né après son propre enfermement sur l'île des soupirs. Mais chacun son tour, donc, c'est ainsi que leur petit jeu fonctionnait (même si, on va se le redire, ni l'un ni l'autre ne savaient réellement comment ce jeun fonctionnait et en distordaient le fonctionnement selon les circonstances).

-Non, je n'appelle pas ça croustillant, mais c'est une information valable. Ce n'est peut-être pas plus mal pour toi, va savoir, cela t'aura peut-être épargné des expériences malencontreuses, observa Nathaniel avec une esquisse de sourire au coin des lèvres quand Orianne lui apprit qu'elle était morte vierge.

Ce n'était pas le genre d'informations qui l'intéressaient forcément, mais c'était le genre d'informations qui avaient le mérite d'être très personnelles, et c'était ce qu'ils attendaient l'un de l'autre. Il réfléchit, puis finalement reprend la parole.

-J'ai failli me marier, une fois, dit-il en prenant évidemment soin de ne pas rentrer dans les détails, car ce serait satisfaire un peu trop une curiosité qui, d'un côté comme de l'autre, était attisée mais jamais vraiment assouvie.

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oin d'être offusqué par la remarque d'Orianne, sa réflexion sur sa santé mentale le fit sourire. Sa folie était de ces attributs qu'il portait fièrement, à la manière d'un étendard, il n'en avait pas honte, de même qu'il l'estimait naturelle et logique, et surtout, c'était cette même folie qui lui avait certainement sauvé la vie dans des circonstances où son esprit avait été malmené dans des proportions considérables ,et il avait tout à fait conscience de cela, ne s'en cachait pas le moins du monde. Être comparé à son ennemi, en revanche, piquait davantage, mais vu les circonstances, c'était de bonne guerre, et Nathaniel pouvait tout à fait le reconnaître : il n'était pas du tout aveugle à ce constat.

-Ce serait de la triche, s'amusa Nathaniel quand son interlocutrice affirma que s'il n'était pas satisfait de ses révélations, elle devrait peut-être lui en inventer de toute pièce. Je suis convaincu que tu n'as pas besoin de ça, je suis certain, en réalité, que tu as plus à m'en apprendre que tu ne le prétends et que tu prends un malin plaisir à ne rien me dire. Mais je finirais par tout savoir de toi, que tu le veuilles ou non, fit-il avec une confiance qui frôlait, par certains aspects, l'insolence, il pouvait bien le reconnaître lui-même.

Son amusement augmenta quand Orianne remarqua qu'aucune femme sensée ne devrait vouloir de lui, et encore moins l'épouser. Ce n'était pas faux, mais des femmes insensées, il en avait rencontré plus qu'à son compte. Sans oublier, bien sûr, que l'amour rendait naturellement insensé, c'était un fait tout à fait avéré.

-Elle était folle, en effet, mais elle a retrouvé ses esprits à temps, heureusement pour elle, fit-il avec légèreté.

Avant que la jeune femme n'en vienne à ses propres révélations, et Nathaniel se réjouit de découvrir qu'elles étaient finalement assez croustillantes.

-Voilà, je savais que tu avais plus à m'apprendre que ce que tu prétendais. Dans quelles circonstances est-ce que c'est arrivé ?

Orianne, de son côté, ne lui avait pas demandé plus de précisions, et il devrait sans doute faire de même, mais il ne fallait pas s'attendre à ce que Nathaniel soit réellement capable de taire sa curiosité.

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st-ce qu'il l'aimait ? La question se posait, et la réponse n'était pas forcément évidente... Parce que, de son côté, Nathaniel n'était jamais au clair avec ses propres sentiments. Il n'y avait personne qu'il aimait plus que lui-même, et par conséquent, il était toujours difficile de laisser la place à quelqu'un d'autre que lui-même dans n'importe quelle relation : les personnes qu'il avait aimées, il les avait bafouées, abusées, trahies... il l'avait fait avec Edgar, avec Anthony, avec Dorian...

Il continuait de le faire avec Eleonore. Et, bien évidemment, il l'avait fait avec Latika, dans de très grandes largeurs. Alors, l'amour tel qu'il existait dans le coeur de Nathaniel n'était pas l'amour tel que beaucoup l'appréhendaient. Mais ça ne voulait absolument pas dire qu'il ne le ressentait pas, malgré tout, profondément. A ce jeu des réponses franches, il n'y en avait qu'une à apporter, à ses yeux, quand il était question de la femme qu'il avait bien failli épouser... si bien qu'il se demande bien souvent ce qui se serait passé si ça avait été le cas.

-Oui, je l'aimais, répondit-il ensuite sans donner plus de détails.

Car, en réalité, cela faisait partie de ces rares sujets sur lesquels il n'avait pas envie de s'exprimer et de se répandre, un de ces rares sujets concernant lesquels il préférait, tant qu'à faire, se montrer le plus discret possible. Comme quoi, il avait sa pudeur... Enfin, de loin, vite fait, à contrejour, très clairement, il n'empêche que c'était la vérité, malgré tout.

Il laissa ensuite le soin au fantôme de lui en apprendre plus sur cette information croustillante qu'elle avait bien voulu lui dévoiler.

-Tu ne sais pas pourquoi, hein ? Il afficha un de ses proverbiaux sourires, l'un de ceux qui recelaient le plus de malice. J'aurais bien aimé connaître la toi ivre, je suis sûre qu'elle devait être à la fois drôle et attachante, commenta-t-il alors.

Il songea à reprendre, ils pourraient probablement poursuivre leur jeu encore un peu, mais peut-être était-ce du fait d'avoir abordé le sujet de Latika, ce jeu l'amusait un peu moins, à présent. Surtout, ils l'avaient fait durer un certain temps, et même s'il voulait affirmer que sa vie était palpitante, il arrivait un moment où il ne trouvait plus vraiment d'information à la hauteur.

-Ce petit jeu commence à m'ennuyer, pas toi ?

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-J'

ai manqué beaucoup de choses... ça n'en fait jamais qu'une de plus sur une grande quantité, observa évasivement Nathaniel avec une de ses fines et traditionnelles esquisses de sourire aux lèvres quand la fantôme remarque qu'elle n'aura jamais l'occasion de la voir ivre.

Oui, c'est une chose qu'il regretterait. Ceci dit, le jeune homme ne perdait pas de vue la possibilité de la mettre dans tous ses états d'une autre manière... c'était l'avantage quand on possédait un talent tout particulier pour pousser les gens à bout ou encore dans leurs retranchements. Mais de tous les regrets qu'il pourrait avoir, ce dernier ne serait certainement pas le pire. Orianne avait perdu dix-neuf ans de sa vie. Alors certes, il avait vu et appris des choses différentes et notables durant son séjour en prison sur l'île des soupirs, il n'empêche qu'il était passé à côté de la moitié de sa vie, et il s'en rendait bien compte. Heureusement, il préférait ne pas se focaliser sur ses regrets autrement que pour s'en nourrir afin de commettre toutes les erreurs qu'il pourrait.

-Tu es excessivement troublante, ma chère, s'amusa Nathaniel quand Orianne suggéra que c'est peut-être pour cette raison qu'il décidait de mettre un terme à leur jeu. Tu sais bien que je suis du genre à me lasser rapidement, mais je te remercie de prêter des raisons plus nobles et profondes à mes décisions, fit-il avec le plus grand amusement. En vérité, peut-être était-il un peu troublé, plus qu'il ne voulait l'admettre, par ce qu'ils avaient bien pu se dire... mais il n'acceptera évidemment pas de le reconnaître, sous aucun prétexte, vraiment pas. Dois-je en déduire que tu voulais poursuivre notre conversation ? Je savais que tu adorais nos conversations et que tu les guettais secrètement, ajouta-t-il pour la chambrer.

C'était de bonne guerre, il faut dire. Peu importe la manière dont ils décideraient de s'adresser l'un à l'autre, ils n'étaient visiblement pas prêts à abandonner ces petites piques qui étaient, quelque part, leur lot quotidien autant que leur marque de fabrique. Ce n'était pas demain la veille qu'ils oublieraient de ponctuer leurs conversations d'échanges de cette nature, qui n'avaient rien pour le surprendre.

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-I

l me tarde de le découvrir, dans ce cas, répliqua Nathaniel avec un de ses éternels sourire quand Orianne lui assura que dans la mort, tout finissait par être relativisé.

Il voulait bien le croire, mais ce n'est pas pour autant qu'il voulait se retrouver à sa place. La situation et la condition d'Orianne était fascinante aux yeux du fugitif, mais ce n'était pas pour autant qu'il voulait avoir la même. Il avait beau affirmer ce qu'il venait de dire, il ne le pensait pas réellement, car Nathaniel ne se sentait pas prêt à mourir. Il finirait par l'être, mais sous ses seules et uniques conditions, et pas tant qu'il n'aurait pas été en mesure d'accomplir sa vengeance comme il se doit.

-Nous hanterons ce monde de concert et tourmenterons les âmes vivantes. J'ai très hâte, ironisa-t-il d'un ton qui ne cherchait pas vraiment à convaincre son interlocutrice, pas le moins du monde, même.

Pour le reste, Orianne lui reprocha d'avoir voulu retourner la situation. Retourner la situation, lui ? C'est bien mal lui ressembler, voyons... Si, ça lui ressemblait totalement, et c'était une chose qu'il aimait infiniment faire, et ce en à peu près n'importe quelles circonstances. Oui, il était habile avec ses mots, c'était un véritable talent de sa part. Et pour ce qui était de se donner plus de crédit que nécessaire.

-Je sais, j'en fais toujours trop, mais je n'y peux rien, j'adore exaspérer les autres, je ne peux pas m'en empêcher.

A ses yeux, ce n'était pas un reproche. Oui, il aimait vraiment exaspérer les autres. C'était vraiment un pouvoir de sa part.

-Tu peux dire ce que tu veux, je suis sûr et certain du fait que si je devais disparaître du jour au lendemain, je te manquerai terriblement.

Ou pas, il aimait seulement la charrier, voilà tout. De son côté, il aimait juste pousser la carte de l'exaspération jusqu'au bout, et il ne cesserait de jouer cette carte tant qu'il le pourrait. Sur ce point, c'était une certitude absolue.

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e sourire de Nathaniel s'agrandit de plus belle quand Orianne observa qu'il n'avait certainement pas besoin d'être un fantôme pour hanter une âme ou l'autre... Oui, il le prenait comme un compliment, parce que c'était véritablement une chose qu'il s'appliquait à faire au quotidien, et qu'il ne dissimulait pas le moins du monde. Nathaniel était un tourmenteur né, peut-être bien parce que lui-même s'avérait plus tourmenté qu'il n'y paraissait... et pour cette raison, il prenait le plus grand des plaisir à voir les personnes autour de lui se laisser abuser par ses manœuvres et ses discours, et si quelqu'un était bel et bien capable de voir ces dites manœuvres. C'était définitivement Orianne, et Nathaniel la laissait faire. Cela ne dérangeait pas qu'elle voit clair dans son jeu, il ne cherchait pas à le dissimuler. Et il appréciait, aussi, qu'elle sache contempler ce jeu et l'admirer à sa juste valeur.

-Oui, donc je te manquerai... c'est pas grave de le dire, ma belle, c'est très compréhensible. Moi aussi je me manquerai. Je me manquerai beaucoup, si je devait finir par partir, affirma-t-il, poussant le bouchon toujours plus loin pour le seul plaisir de faire les choses ainsi.

Nathaniel n'avait pas l'intention de partir de sitôt, et quand il partirait, il déciderait de quelle manière faire, et ce serait bien évidemment des plus glorieux. Il n'y songeait pas pour le moment, ou du moins si, il y songeait, mais il reculait l'échéance... Il avait encore trop à faire... Il y avait encore trop à dire et beaucoup trop à vivre.

-Enfin, ce n'est pas encore pour aujourd'hui dans tous les cas, ajouta-t-il, sibyllin, en poussant un sourire d'aise, absolument satisfait.

Ce n'était pas pour aujourd'hui, en effet, mais en attendant... Nathaniel décidait de faire les choses à sa sauce, à sa guise. Et il ne cesserait jamais de se comporter de la sorte, c'était tout simplement plus fort que lui.

-Bon, ce n'est pas tout ça, mais l'un d'entre nous a besoin de sommeil. Il sourit de plus belle. Un grand merci pour cette intermède des plus divertissantes.

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