Je peux vous aider à traverser... votre couloir ? (Adélaïde)

Je peux vous aider à traverser... votre couloir ?
   

Adélaïde avait pour habitude de passer souvent au château, ne serait-ce que pour fuir ses propres parents ou pour passer du temps avec Gabriel ou Eleonore, dont elle ignorait la véritable identité encore aujourd’hui. La situation avec ses géniteurs ne s’arrangeait pas, elle ne faisait peut-être pas beaucoup d’efforts, mais ils en faisaient encore moins de leur côté et elle avait de plus en plus de mal à les supporter. Ils ne comprenaient rien à rien et elle commençait à croire qu’ils prenaient un malin plaisir à toujours tout lui interdire et la contredire. Comme si c’était devenu leur petit plaisir quotidien. Que ce soit son père ou sa mère, c’était totalement pareil. Et puis elle n’était pas non plus d’accord avec eux de la façon dont ils dirigeaient Dann. Enfin bref, ils n’étaient d’accord sur rien et cela la fatiguait beaucoup, elle n’avait plus envie d’essayer de mettre de l’eau dans son vin, c’était devenu inutile. Mais plutôt que d’enchaîner les querelles avec eux, elle préférait passer un peu de temps au château de Féerie où les choses étaient plus calmes et simples pour elle. Si elle ignorait tout des enjeux politiques qui étaient en train de se jouer, elle sentait tout de même une certaine agitation, mais cela ne la regardait pas alors elle ne cherchait pas plus loin.

Elle était tout de même un peu inquiète à cause de ce que Gabriel lui avait dit la dernière fois et surtout de ce qu’il lui avait fait promettre. Même si elle avait toute confiance en lui, elle ne pouvait s’empêcher de se poser quelques questions. Mais bon, il était inutile de trop s’alarmer pour le moment, cela ne mènerait à rien, et puis ce n’était pas comme ça qu’elle l’aiderait dans quoique ce soit. Elle avait passé son après-midi avec Anna. Elle appréciait beaucoup la princesse, même si elle ignorait tout de ses secrets, et osait croire que la réciproque était vrai. Elle appréciait sa compagnie et elles avaient toujours des choses à se dire, comme le faisaient les filles de leur âge en temps normal, les rangs ne changeaient pas grand-chose, et Adélaïde ne s’en plaignait aucunement. En même temps, elle n’avait jamais accordé beaucoup d’importance aux castes, même si elle se montrait respectueuse et protocolaire avec tous ceux qui étaient au-dessus d’elle, elle ne s’offusquait pas quand ce n’était pas le cas pour elle.

Sortant des appartements de la princesse, il était déjà assez tard. Heureusement qu’elle dormait au château, en même temps, chez elle ce n’était pas la porte à côté et elle ne faisait presque jamais l’aller-retour dans la journée. Elle marcha tranquillement dans les couloirs quand elle aperçut un homme au loin. Elle ralentit considérablement, puis se sent soulagée en s’apercevant que ce n’est pas le roi. Edgar continue de la terrifier, sans savoir vraiment pourquoi. Et elle n’aurait pas apprécié le croiser comme ça, au détour d’un couloir désert. Elle ne reconnaissait cependant pas l’homme dans le couloir, elle ne se souvenait pas l’avoir déjà vu mais elle voyait bien qu’il avait l’air un peu perdu. Elle s’approcha de lui avant de s’arrêter à sa hauteur.

« Bonsoir, vous avez l’air perdu, je peux vous aider ? »

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Je peux vous aider à traverser... votre couloir ?
   

Adélaïde ne se souvenait pas avoir déjà vu cet homme. Certes, elle ne passait pas sa vie au château de Féerie, et il y avait tout de même pas mal de passages à la cour, mais c’était globalement toujours les mêmes visages qui revenaient. Mais elle ne se souvenait pas de celui de son interlocuteur. Et vu comme il errait dans les couloirs comme une âme en peine, elle se doutait qu’il n’était pas ici depuis très longtemps. Avec cette pensée, sa curiosité fut quelque peu titillée. Adélaïde était toujours intriguée quand de nouvelles choses se passaient, et elle aimait bien en savoir un peu plus. Elle était donc tentée de savoir d’où venait cet homme, si ce n’était pas de Féerie. Il avait peut-être même quelques aventures palpitantes à raconter. Adélaïde ne dirait pas non, surtout qu’elle n’avait plu son conteur favori à écouter, qui s’était révélé être le plus gros crétin qu’elle n’ait jamais rencontré, mais c’était une autre histoire, et elle ne doutait pas que cet homme-ci soit quelqu’un de très bien. Ce n’était pas courant ces temps-ci, les personnes bienveillantes et dénués d’intentions malsaines ou douteuses. Déjà que leur roi n’était pas un modèle sur ce terrain-là… Mais elle gardait cela pour elle, elle n’était pas inconsciente. Autant le prince et la princesse étaient des amis chers, autant le roi et la reine… bon ce n’était pas ça.

Enfin bref, dans tous les cas, il n’était pas vraiment questions d’aventures et de contes, surtout que le pauvre homme semblait perdu. Elle ne savait pas si c’était parce qu’il avait un très mauvais sens de l’orientation ou parce qu’il n’était pas familier des lieux, mais elle opterait plus pour la seconde option. Quoiqu’il en soit, elle se voyait mal le laisser comme ça, perdu dans les couloirs du château, mais elle n’en connaissait pas non plus tous les recoins alors elle espérait qu’il ne cherche pas un lieu secret ou peu fréquenté par les nobles.

« Bonsoir. Effectivement… je suis perdu. On ne dirait pas en premier abord, mais ce château est particulièrement grand. Je cherche les appartements de la servante de la reine… je n’ai aucune idée d’où ils sont. »

Elle répondit doucement à son sourire avant de réfléchir. La servante de la reine… Il devait sûrement parler de Lady Wincane. Adélaïde n’avait jamais eu l’occasion de lui parler directement, mais elle en avait toujours entendu le plus grand bien. Elle avait l’air d’être une femme tout à fait charmante. Quoiqu’il en soit, elle se demandait pourquoi il voulait rejoindre ses appartements. Elle ne connaissait pas d’époux à la femme… enfin, ce n’était pas ses affaires de toute façon. Elle regarda autour d’elle un moment, se demandant dans quelle direction pouvaient être ses appartements.

« Si je ne m’abuse, ses appartements son justes à côté de ceux de la reine. Au fait, je m’appelle Adélaïde. Adélaïde Laval. »

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Adélaïde ne se souvenait pas avoir déjà vu cet homme. Il ne lui disait absolument rien, et étant donné qu’il cherchait son chemin, il ne devait pas être un habitué non plus. C’était évident. Néanmoins, il cherchait une destination bien précise et assez privée, vu qu’il souhaitait accéder aux appartements de la dame de compagnie de la reine. Peut-être était-il un ennemi de la couronne qui souhaitait du mal à Aurore Basiel, mais ce serait peu probable. Il y avait des gardes partout dans ce château. Et ils contrôlaient de manière efficace les allers et venues dans le château, ils n’auraient donc pas laissé entrer n’importe qui… Surtout que vue sa tenue, il ne semblait pas si étranger à Féerie que cela. Adélaïde était tout de même curieuse de savoir qui était cet homme mystérieux. Elle commença par se présenter, espérant que cela l’inciterait à en faire de même. Dans tous les cas, il lui semblait bien sympathique cet homme, et elle espérait pouvoir en profiter pour converser un peu avec lui.

« Je suis Geoffroy Wincane. »

Wincane ? Adélaïde était un peu surprise. Elle n’avait jamais entendu parler d’un Geoffroy Wincane, mais le fait qu’il porte le même nom de famille que la suivante de la reine n’était pas une coïncidence, surtout qu’il la cherchait. Elle ne connaissait pas très bien Jocaste, mais elle ne l’avait jamais vue accompagnée d’un homme… ou alors pas celui-ci, il serait donc un peu étrange qu’il soit son époux non ? Peut-être un frère… ou un parent éloigné… elle ne savait pas, mais elle était d’autant plus curieuse d’en savoir plus à son sujet. Elle ne voulait pas jouer les impertinentes à poser milles et unes questions, mais elle était vraiment intriguée par cet homme, et était muée d’un désir d’en connaître davantage.

« Wincane ? Vous êtes de parenté avec dame Jocaste ? »

Autant lui demander tout de suite plutôt que de s’inventer des histoires plus abracadabrantesques les unes que les autres. Quoiqu’il en soit, elle ne le forçait en rien à lui répondre s’il n’avait pas envie, ou s’il trouvait qu’elle était de nature trop indiscrète, ce qui était fort possible, surtout venant d’Adélaïde.

« Je me doute bien que les appartements de la servante de la reine se trouvent proche de ceux de notre reine mais… je ne sais pas plus où ces derniers se trouvent. »

Oui bien sûr… C’était évident. Elle avait été un peu sotte pour cette fois. Le plus simple serait encore qu’elle lui montre, elle pouvait le comprendre. Ce château était grand, et pouvait bien ressembler à un labyrinthe si on ne le connaissait pas bien. Il n’avait pas à rougir de quoique ce soit en tout cas, cela pouvait arriver à tout le monde, et c’était fréquent d’ailleurs.

« Oh, oui bien sûr. Excusez-moi, je peux vous y conduire si vous le désirer, ce sera plus simple je pense. Vous n’êtes pas dans la bonne aile du château, les gens se perdent souvent ici, ce n’est pas une première, même moi qui y viens souvent, il m’arrive de me trouver parfois un peu désorientée. Suivez-moi. »

Sur ce, elle lui agrippa le bras dans un geste amical et l’entraîna doucement à la suivre.

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Adélaïde avait eu vent de ces histoires de barrière, mais elle n’avait pas entendu parler de Geoffroy Wincane qui était revenu de l’autre côté après vingt ans d’absence. Elle avait déjà entendu que Jocaste avait été mariée, et que son mari était mort à la guerre, aussi, elle n’avait jamais pensé rencontrer un homme du nom de Wincane. Il était assez évident qu’il était de parenté avec la femme, surtout qu’il cherchait à la voir mais elle ne pouvait en être certaine, alors elle préférait poser la question. Il se pouvait très bien que cet homme lui mente, qu’il dise cela pour accéder aux appartements de Jocaste pour lui faire du mal, mais il lui semblait tout de même être un homme bien. Elle avait une très bonne impression le concernant. Une bonne intuition. Bon, il est vrai que son intuition n’était pas infaillible, loin de là. Son expérience avec Sylvain lui avait laissé un mauvais goût mais bon, elle ne voulait pas rester sur un échec, et ce Geoffroy lui semblait vraiment être quelqu’un de bien, et d’honnête. S’il voulait retrouver Jocaste, cela devait être pour de bonnes raisons. Et dans ces conditions, elle était vraiment ravie de l’aider. Et elle ne pensait pas le regretter une fois que ce serait fait. Du moins, elle espérait que ce ne serait pas le cas, parce que si elle se trompait encore, elle allait vraiment devoir réviser son jugement.

« Oui, en effet. Je suis son époux. »

Bon eh bien, de toute évidence, il n’était pas mort à la guerre. Une chance pour Jocaste, et pour lui, de toute évidence. Elle était vraiment contente qu’ils aient pu se retrouver, même si elle ne connaissait bien ni l’un ni l’autre, elle trouvait cela vraiment beau, et ce genre d’histoires mettait du baume au cœur, sans aucun doute. En tout cas, aider un couple à se réunir, cela lui semblait être une belle action. Ces couloirs pouvaient être de vrais labyrinthes quand on n’avait pas l’habitude, alors évidemment, elle comprenait qu’il puisse se perdre. Elle ne pouvait pas le laisser errer dans les couloirs de toute manière, et elle aidait vraiment ravie de pouvoir l’aider, elle n’exagérait rien du tout à ce niveau-là. Elle appréciait pouvoir apporter son aide.

« Je vous remercie vraiment. Vous venez souvent ici ? Mais vous venez d’où ? »

Elle sourit. Cela ne la dérangeait pas qu’il lui pose des questions, cela montrait qu’elle ne l’indisposait pas trop, et qu’il était même plutôt ouvert à la conversation, ce qui lui faisait plaisir. Adélaïde appréciait pouvoir faire de nouvelles rencontres, et elle avait l’impression que Geoffroy avait des choses vraiment intéressantes à raconter. Le temps de l’amener aux appartements de son épouse, elle pourrait peut-être avoir quelques informations sur lui, même si pour le coup, c’était elle qui devait déjà répondre aux questions.

« Oh ! J’avais entendu que vous étiez mort à la guerre, je suis contente que ce ne soit pas le cas. Oui, je viens souvent, je suis amie avec la princesse Eleonore, et le prince Gabriel mais je suis de Danne. Mes parents gouvernent là-bas, mais je ne m’entends pas très bien avec eux, et j’aime bien me réfugier ici. »

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Adélaïde était vraiment contente que Geoffroy ait pu revenir, même si cela signifiait qu’il n’y avait plus rien entre les deux royaumes, mais il n’y était strictement pour rien, et il avait juste profité de l’occasion pour rentrer chez lui, après vingt ans d’absence forcée. On ne pouvait en aucun cas le lui reprocher, et elle espérait vraiment que le roi se montrerait compréhensif et clément envers lui. Il n’avait dans tous les cas, rien fait de mal. Certes, la jeune femme ne le connaissait pas, elle venait juste de le rencontrer, mais il lui inspirait que de la bienveillance et de la confiance. Et elle se surprenait à penser qu’elle aurait aimé que son père soit comme lui. Mais quoiqu’il en soit, oui, elle était vraiment heureuse pour Geoffroy, et elle espérait qu’il pourrait reconstruire à nouveau sa vie avec épouse sans accro. Il le méritait après tout ce qu’il avait vécu.

En tout cas, elle appréciait de discuter avec cet homme. Et même si c’était la toute première fois qu’elle le rencontrait, elle sentait que c’était vraiment une bonne personne. Bon, elle n’avait pas un instinct infaillible, il n’y avait qu’à vois Sylvain, mais c’était une exception. Celle qui confirmait la règle. Mais Geoffroy semblait être quelqu’un de bien, et elle n’avait aucun mal à lui parler d’elle. Même s’il était un inconnu. Et puis, c’était parfois bien de parler à des inconnus, il n’y avait pas autant la notion du jugement. C’était facile en tout cas de parler avec Geoffroy. Du moins, elle le ressentait ainsi, mais elle se fourvoyait peut-être.

« Je suis navré d’apprendre que vous ne vous entendez pas bien avec vos parents. Je dois avouer que je ne connais pas si bien que cela le prince et son épouse. Mais j’espère apprendre à les connaître avec le temps. Je ne connais pas bien Danne, c’est loin d’ici ? »

Elle sourit légèrement, même si, malheureusement, il n’y avait pas grand-chose à faire pour ses parents. Ils étaient… non elle ne préférait pas commencer à devenir désobligeante envers eux, quand bien même elle en avait envie. Autant penser à Eleonore et Gabriel, qui étaient tous les deux adorables, et elle trouvait cela bien, que le futur roi et la future reine soient des gens aussi gentils.

« Merci, mais je suis habituée. Je ne suis même pas sûre qu’ils m’aiment… mais bon, je ne veux pas vous ennuyer avec ça. Pour en revenir avec le couple princier, je pense que vous les rencontrerez assez rapidement. Ils sont adorables aussi bien l’un que l’autre… cela change un peu. »

Cela changeait du roi, elle avait envie de dire. Mais bon, elle ne se permettrait pas de dire ce genre de choses ici. Elle n’était pas totalement inconsciente. Elle ne connaissait pas l’opinion de Geoffreoy sur la question, et puis ils étaient tout de même entre les murs du château, mieux valait qu’elle ne dise pas trop ce qu’elle pense, quand bien même elle trouvait le roi vraiment effrayant.

« Danne est à plusieurs lieues. Il faut quelques heures de carriole pour arriver ici. C’est très beau, si vous avez l’occasion de vous y rendre un jour, je vous le conseil. »

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Adélaïde n’avait curieusement aucun mal à discuter avec cet homme. Il fallait bien reconnaître également qu’elle était de nature assez sociale et qu’elle arrivait assez aisément à faire connaissance avec les différentes personnes qu’elle pouvait être amener à rencontrer au fil des jours. C’était quelque chose qu’elle appréciait vraiment, de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, d’entendre leurs histoires, leurs rêves, leurs craintes… non pas qu’elle avait envie de se mêler de la vie de tout le monde, ce n’était pas du tout cela, mais elle détestait rester seule dans son coin, isolée, sauf cas rare où elle sentait le besoin de réfléchir un peu, et prendre l’air. Mais d’une manière générale, elle restait ouverte à la vie et aux nouvelles rencontres, au grand damne de ses parents.

D’ailleurs, elle ne se gênait pas pour se tarir en éloges à leur sujet. Elle ne connaissait Geoffroy que depuis peu, mais elle avait comme le sentiment qu’elle pouvait se confier à lui, et elle ne trouvait aucune raison de lui mentir dans tous les cas. Elle ne déversait cependant pas tout son ressenti concernant ses parents, mais elle exposait simplement le fait qu’elle ne pensait pas être aimée d’eux, étant donné qu’ils lui faisaient reproche sur reproche, que jamais rien de ce qu’elle faisait n’allait et qu’elle avait l’impression qu’ils cherchaient à l’enfermer dans une cage, alors qu’elle avait plus que besoin de liberté.

« Je n’y manquerais pas. J’ai bien l’intention de profiter de mon retour. »

Elle sourit doucement, espérant qu’effectivement, il réussirait à profiter de son retour de la meilleure des façons. Il était presque un miraculé, et elle trouvait cela vraiment beau, qu’il soit réuni avec son épouse, de retour dans son pays après tant d’années d’absence, entamant ainsi un chapitre plus heureux de son histoire. C’était probablement la naïveté d’Adélaïde qui ne lui faisait voir que le bon côté des choses, mais peu importe, elle ne comptait pas s’en cacher.

« Ça n’est pas trop difficile pour vous de faire des allées retours entre Danne et le château ? »

Elle n’allait pas nier le fait que c’était parfois erreintant mais le jeu en valait la chandelle. Elle se sentait beaucoup mieux ici, à Feerie, et elle n’avait pas envie de renoncer à ses visites pour cette raison. Surtout qu’elle serait triste de ne plus pouvoir voir Gabriel et Eleonore, et que cela ferait bien trop plaisir à ses parents qu’elle reste à Danne tout le temps. Le seul fait qu’ils ne disent trop rien sur ses déplacements, c’était parce que cela impliquait la famille royale.

« Parfois si, mais je me vois mal venir moins souvent, ou ne plus venir du tout. »

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Adélaïde s’étonnait quelque peu de la facilité qu’elle avait de discuter avec cet homme. Même si elle était d’un naturel sociable, et qu’elle n’avait en général pas beaucoup de mal pour parler aux inconnus, elle remarquait tout de même que la chose restait simple concernant Geoffroy. Elle n’avait pas besoin de se forcer, et elle ne rechignait pas non plus à l’idée d’en dire un peu plus sur elle, ou d’en savoir davantage sur lui. La chose était vraie dans les deux sens. Elle appréciait réellement discuter avec l’ancien garde royal, et il lui était très agréable. Son histoire était atypique, mais elle espérait à présent qu’il pourrait avoir la vie qu’il souhaitait, et être heureux auprès de son épouse. Elle ne le connaissait pas, mais elle avait le sentiment qu’il le méritait réellement.

Elle avait le sentiment qu’il était un homme bien sous tout rapport. Son instinct n’était pas infaillible. Elle en avait eu la confirmation récemment, mais elle continuait tout de même de s’y fier. Ce n’était pas parce qu’elle avait fait une erreur une fois, qu’il fallait forcément douter de tout ce qu’elle pressentait. Certes, il s’était avéré que Sylvain était un véritable mufle, mais maintenant qu’elle avait eu cette révélation, elle pouvait passer à autre chose, et se concentrer sur d’autres sujets. Elle ne pensait pas être déçue une deuxième, dans un laps de temps aussi rapproché que la première fois. Elle était convaincue que Geoffroy Wincane n’avait absolument rien à se reprocher.

« Je comprends. Vous n’avez pas envisagé de vous installer ici pour de bon ? »

C’était une option qu’elle aurait pu envisager. A laquelle elle avait peut-être songé, une ou deux fois. Mais elle savait bien que ce n’était pas faisable. Ses parents ne laisseraient jamais faire une chose pareille, et puis, sa place était tout de même à Danne. Elle était l’héritière de ses parents, et elle ne pouvait pas laisser à l’abandon le peuple qui y demeurait. D’autant plus que si elle aimait autant le château de Féerie, c’était pour Gabriel et Eleonore. L’endroit état très agréable, c’était vrai, mais elle y recherchait surtout la présence de ses amis. Elle se sentirait bien seule si elle n’avait pas le couple princier dans sa vie. Elle estimait avoir beaucoup de chance de les côtoyer. Pas du tout parce qu’ils étaient prince et princesse de Féerie, mais parce qu’ils étaient de belles personnes. Encore que, si elle avait connaissance de la vérité, elle ne penserait sans doute pas de la même manière. Mais étant donné qu’elle n’en savait strictement rien, elle pouvait se permettre ce genre de pensées.

« Ce ne serait pas vraiment faisable. Mes parents ne le permettraient pas. Ce n’est pas bien grave, tant que je peux continuer à agir ainsi, c’est le principal. Mais j’y pense, qu’allez vous faire de vos journées, maintenant que vous êtes revenu ? »

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Il est vrai qu’Adélaïde connaissait cet homme que depuis peu de temps, elle l’avait rencontré un peu plus tôt dans la soirée, mais elle devait admettre que discuter avec lui avec quelque chose de naturel, et d’aisé. Elle ne forçait pas du tout à lui faire la conversation, et elle le trouvait intéressant. Elle espérait qu’elle ne l’ennuyait pas trop de son côté. Adélaïde reconnaissait qu’elle pouvait parfois se montrer un peu trop bavarde, à ses dépens, et son intention n’était absolument pas de porter préjudice à cet homme, ou de lui faire passer un mauvais moment en sa compagnie.

Geoffroy avait l’âge d’être son père, mais ce n’était pas un souci pour elle pour parler à cœur ouvert avec lui. Il n’y avait pas cette barrière de l’âge entre eux, et elle se surprenait à penser que si son père avait été un peu plus comme le garde, son quotidien serait probablement moins compliqué, d’un point de vue familial, mais bon… elle devait faire avec ce qu’elle avait, ce n’était pas comme si les choses pouvaient changer à présent.

« Eh bien, pour tout vous dire, je n’en sais trop rien. Si cela ne tenait qu’à moi, j’aimerais pouvoir reprendre mes fonctions auprès de la couronne. Mais pour cela, je dois encore attendre que notre souverain ait bien confiance en moi. Et mon épouse n’est pas réellement rassurée de savoir que ce sont mes désirs. »

Elle estimait que sa réponse était logique. Après toutes ces années passées loin de son foyer et de ses proches, il aurait pu espérer ne rien faire d’autre que de profiter de sa vie retrouvée. Mais elle avait souvent entendu que pour les guerriers, il était difficile de décrocher, et de passer à autre chose. Qu’ils avaient ça dans le sang, et que rien ne pouvait le leur enlever. Son discours lui semblait également patriotique, ce qui n’était pas une mauvaise chose. Adélaïde n’appréciait pas le roi plus que cela, il lui faisait même un peu peur, mais elle soutenait grandement les Basiel étant donné son amitié avec le couple princier.

« Je peux comprendre ses réticences. Après tout ce temps passé loin de vous, et après vous avoir cru mort, elle n’a pas envie de risquer à nouveau de vous perdre. Mais si cela vous tient vraiment à cœur, et si l’inaction vous rendrait malheureux, alors je pense qu’elle finira par comprendre vos envies, et à y adhérer. »

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Adélaïde espérait que son interlocuteur ne la trouvait pas trop indiscrète. La jeune femme ne cherchait pas de nouveaux commérages, elle se sentait réellement concernée parce que vivait Geoffroy. Elle venait de le rencontrer, mais elle ressentait beaucoup d’empathie à son encontre. Et elle avait envie de croire qu’il avait envie de parler, et étant donné qu’il était revenu il y a peu, et qu’il avait été absent pendant vingt ans, il ne devait plus lui rester de personnes vraiment proches, à part sa femme, alors c’était peut-être bien pour lui de parler à quelqu’un qu’il ne connaissait pas du tout, et qui n’avait donc aucun avis de lui, basé sur de souvenirs.

Il serait sensé que Jocaste s’oppose à ce que Geoffroy reprenne les armes. Après avoir perdu son époux une fois, l’idée que cela se produise à nouveau, et cela de façon définitive ne devait pas être facile à vivre pour elle. Mais elle connaissait son époux, alors elle se douterait qu’il ne pourrait pas rester sur le banc, si jamais une guerre était à venir, ce que la jeune femme redoutait. Quoiqu’il en soit, ils avaient probablement déjà besoin de se retrouver l’un l’autre, de retrouver un certain quotidien, et puis, tout cela rentrerait dans l’ordre. Adélaïde était confiante. C’était sans doute naïf de sa part, mais leur histoire était trop belle pour que cela ne finisse pas de la meilleure des manières.

« Je pense aussi. Mais pour le moment, comme je vous le disais, la question ne se pose pas encore. J’attends que notre roi arrive à me faire entièrement confiance et je sais que cela peut prendre un peu de temps. Il est normal qu’il se méfie de moi, même si je n’ai que de bonnes intentions. »

Elle pouvait le comprendre, même si Adélaïde essayait autant que possible de ne pas s’imaginer quelle pouvait être la manière de penser du roi. Elle n’était pas vraiment très rassurée en sa présence, et elle voyait bien que quelque chose clochait quand elle voyait le comportement qu’avait Gabriel à l’encontre de ses parents, et surtout son père. Elle ne voulait pas s’en mêler, mais elle faisait confiance à son meilleur ami.

« Oui, c’est assez logique. Personnellement, il me fait un peu peur… mais… vous n’allez pas lui dire n’est-ce pas ? »

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