L'appel du large [pv Orchide & Achab]

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L'appel du large

B

ertille avait attendu, espéré ce moment des années durant, et à l'approche de ce dernier, à l'heure où l'impossible devenait possible, eh bien... elle s'en moquait. A dire vrai, à l'heure actuelle, elle se moquait d'à peu près tout. Victoria était morte, alors tout ou presque finissait par lui être indifférent. S'il n'était question d'Orchide, si elle n'avait pas le sentiment de lui être redevable après toutes ces années, elle n'aurait sans doute pas levé le petit doigt, et aurait renoncé à toute perspective de voyage... Voyager lui paraissait d'autant plus vain et absurde par ailleurs qu'elle savait Nathaniel enfermé de ce côté précis de l'océan, et que s'éloigner lui paraissait contreproductif. Alors certes, qu'elle se trouve à quelques mètres du château des Basiel ou à mille lieues d'eux ne changeait pas grand-chose, et s'éloigner même pour un temps d'Edgar lui ferait normalement du bien... Mais elle avait du mal à raisonner de cette façon. Elle avait du mal à raisonner tout court.

De manière générale, elle avait oublié, abandonné tout esprit d'initiative pour laisser plus ou moins les rênes à Orchide. Elle, elle avait encore des rêves (que Bertille imaginait déjà se briser avec force et fracas, car elle s'était convaincue que Michael était mort, et qu'elle le recherchait en vain), elle, elle avait encore un objectif à poursuivre... Alors soit. Elle lui avait promis jadis de l'aider à obtenir sa vengeance, elle tiendrait cette promesse, même si elle devait être impossible. Elle leur donnait au moins la motivation de progresser, de faire quelque chose, sans quoi elle resterait sans doute prostrée chez elle à ne rien faire si ce n'est attendre que le temps passe. Elle qui avait toujours détesté l'inactivité ne pouvait de toute évidence pas vivre de la sorte. Et agir, même agir à rien, même agir dans le vide, c'était une façon comme une autre de ne pas se concentrer sur sa douleur. Pour d'autres, la vie continuait, pour d'autres, elle ne tenait qu'à un fil. C'était comme ça.

Bertille et Orchide avaient donc décidé de se rendre de l'autre côté de l'océan, vers ces autres terres qui ne lui disaient rien qui vaillent. Elles savaient la barrière abattues, elles savaient le voyage envisageable... il ne leur manquait qu'une seule et unique chose, mais qui n'était, il est vrai, pas négligeable : une embarcation.

Il y avait à Piquiel un vieux marin, un ancien explorateur dont l'embarcation se laissait sans doute ronger joyeusement par les mollusques à force d'être bridée. Achab Silmar ne voudrait peut-être pas accéder à leur requête, d'autant que les deux jeunes femmes n'étaient pas bien riches... mais il ne leur restait plus beaucop d'options quoi qu'il en soit. Alors, de concert, cette nuit-là, elles vinrent frapper à sa porte. Sans trop savoir qui elles allaient trouver de l'autre côté.

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L'appel du large

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Quand Achab était chez lui, il avait vraiment l’impression d’être dans sa bulle, coupé du monde extérieur. Il était tranquille, personne ne venait jamais le déranger. Sauf ceux qu’il connaissait bien. Achab pouvait faire bourru, c’est vrai, et en un sens, il l’était. Sa situation ne l’aidait pas à se montrer un peu plus avenant avec les autres, mais en même temps, il ne demandait pas à ce que l’on soit avenant avec lui. Qu’on lui fiche la paix, cela lui allait parfaitement. Et d’une manière générale, les autres le comprenaient sans qu’il ait besoin de le signifier. Il faut dire, qu’il ne se mêlait pas vraiment de la vie au village. Ni de la vie au château, ou nulle part ailleurs à Féerie. Cela ne l’intéressait pas. Il n’avait que faire des ragots, faits surtout pour passer le temps. Cela ne rendrait pas sa vie plus gaie, ça c’était une certitude, et ce n’était pas non plus dans son tempérament.

Mais comme tout le monde, il avait commencé à attendre le fait que le roi avait attrapé un des rebelles qui le défiaient sans cesse. Grand bien lui fasse, Achab ne soutenait ni la royauté, ni la rébellion ni personne d’autre que lui-même. Mais il est vrai qu’il avait prêté davantage l’oreille, parce que le nom de Nathaniel avait été sur certaines lèvres. Un nom qu’Achab connaissait bien. Pour certains, les plus jeunes, il était comme un mythe, le plus grand d’ennemi du roi, un truc comme ça, mais Achab le connaissait bel et bien. Enfin, l’avait connu, parce que cela faisait belle lurette qu’il ne l’avait pas aperçu, et s’il était dans les geôles royales, eh bien il risquait de ne plus jamais le revoir. Ce qui en soit ne l’attristait pas beaucoup. Nathaniel et lui n’avaient jamais été de grands amis étant jeunes. Achab savait plus ou moins pourquoi, mais l’évoquer serait bien inutile.

Enfin bref, le vieil homme s’occupait de son cas, qui n’était pas très reluisant, mais il n’avait pas mieux à faire de toute façon. Rester dans sa bicoque était encore une des meilleures choses à faire pour lui, surtout que la nuit était tombée, et il n’avait aucune envie de faire des escapades nocturnes. Même s’il avait une âme d’aventurier, il avait passé l’âge, et à Piquiel il n’y avait fichtrement rien à explorer.

Pourtant, quelqu’un se risqua à venir jusqu’à lui. Achab grommela dans sa barbe, se demandant qui cela pouvait bien être. Après une hésitation, il décida tout de même d’aller ouvrir, piquer par la curiosité. Et puis, c’était peut-être Anthony, qui sait. En ouvrant la porte, il tomba sur deux jeunes femmes, dont il ne se souvenait pas avoir déjà vu les visages, mais il ne connaissait pas tout le monde ici. Il les dévisagea et haussa un sourcil, inquisiteur.

« C’est pourquoi ? »

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**Orchide** Messages : 68 Date d'inscription : 31/10/2019

Orchide avait bien compris que Bertille n’avait plus autant de motivation qu’avant, mais en même temps elle ne pouvait que la comprendre. Après tout, elle avait découvert que sa fille était morte, elle n’avait plus spécialement d’intérêt à faire quoi que ce soit. Ce qui n’était pas le cas de la demi-ogresse, qui continuait d’avoir envie de trouver Michael et de se venger de ce qu’il avait fait à sa famille. C’était important pour elle, elle ne pouvait pas abandonner, elle n’avait aucune envie d’abandonner. Elle n’allait pas abandonner tout court. Elle était heureuse que son amie veuille bien continuer avec elle, qu’elle la soutienne au point de faire ce voyage avec elle.

Parce que c’était ce qu’elles devaient, se rendre de l’autre côté de l’océan. Orchide était persuadé que c’était là-bas que se trouvait Michael, donc elle allait tout faire pour le trouver. Après toutes ces années, il fallait quand même qu’elle parvienne enfin à mettre la main sur lui, pour qu’elle puisse venger sa famille. Orchide aurait très mal pris que Bertille l’abandonne, mais par chance ce n’était pas ce qu’elle était en train de faire.

Les deux femmes se rendirent donc dans un village dans le but de rejoindre un marin, qui avait apparemment l’habitude de faire la traversée avant que la barrière ne soit détruite. Maintenant, ils pouvaient donc de nouveau faire la traversé, elles devaient le convaincre de l’emmener. Même si ça risquait d’être compliqué. Elles arrivèrent sur place donc, Orchide pas spécialement à l’aise. C’était que vu sa taille, elle avait quand même l’habitude d’attirer les regards des autres et ce n’était pas spécialement quelque chose qu’elle appréciait. Parce qu’elle avait conscience que ces regards n’étaient pas toujours bienveillants. Mais c’était pour une bonne raison, elle devait pouvoir traverser. Elles se retrouvèrent donc devant la porte, et ensuite l’homme, qui leur demanda pourquoi elles se trouvaient là.

« Achad Silmar ? » Demanda la demi-ogresse, même s’il était évidemment question de cet homme, elles ne pouvaient pas se tromper. « Nous avons besoin de votre aide, pour traverser l’océan. »

Elle se montra direct, parce qu’elle n’avait pas spécialement envie de tourner autour du pot. Elle pourrait prendre la peine de se présenter, mais ça ne changerait rien, l’homme ne la connaitrait pas. Pour ce qui était de Bertille c’était différent, mais en même temps ce n’était une bonne chose qu’elles mentionnent le fait qu’elle était la fille du roi. Du moins c’était ce que pensait Orchide, et elle ne prendrait de toute façon pas cette décision à la place de son amie. Si elle voulait dire qui elle était, elle pouvait le faire, mais ça ne viendrait pas d’elle.

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Messages : 444 Date d'inscription : 08/03/2019

L'appel du large

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ertille ne savait d'Achab Silmar que ce qu'elle avait entendu à son sujet. Des rumeurs, des on-dit, rien qui ne soit complètement pertinent, rien qui ne lui permette vraiment de savoir sur quelle sorte d'homme elle allait tomber. Mais quand il vint leur ouvrir, elle trouva un homme à l'image de ce qu'elle s'était figurée. L'air revêche, un rien patibulaire, pas le genre de type accueillant qu'il faut s'amuser à déranger sans une excellente raison à cela. Elle était assez intimidée, pour tout dire, par l'homme qui lui faisait face, mais elle n'avait pas l'intention de revenir en arrière.

Même si ce voyage lui paraissait plutôt vain à présent qu'elle savait Victoria morte, et à l'heure où elle savait Nathaniel, peut-être entre la vie et la mort, de ce côté de l'océan, elle savait qu'elle n'avait pas le droit de reculer. Elle le devait à Orchide, dans tous les cas. Bertille savait quelles valeurs avaient les promesses, beaucoup trop de celles qu'on lui avait faites par le passé avaient été rompues pour qu'elle n'en ait pas conscience, et elle ne voulait pas être de ces personnes qui promettent puis se ravisent, il n'en était tout simplement pas question.

Malgré tout, Bertille fut soulagée d'entendre Orchide prendre la parole en premier, lui ôtant cette épine du pied. Mais de sa part, Bertille n'était pas surprise, Orchide avait toujours été terriblement directe, parfois aux dépens des autres sans même s'en rendre compte, et dans des circonstances comme celle-ci, c'était l'idéal. Bertille, elle, se serait sans doute perdue en détails inutiles au lieu d'entrer immédiatement dans le vif du sujet, alors qu'il paraissait assez évident que c'était ce qui intéressait l'homme en premier lieu, et que même s'il devait avoir du temps à perdre, il ne voudrait pas le perdre avec elles, loin de là. A moins qu'elles lui donnent une bonne raison pour cela.

-Peut-être le savez-vous déjà... Mais peut-être pas, au fond, ce qui justifierait qu'il n'ait pas encore pris le large. La barrière qui scindait l'océan a été abattue. Elle marqua une pause, en quête des arguments les plus susceptibles de faire mouche. Nous vous paierons pour ce voyage, bien sûr, et nous vous assisterons à bord autant que nécessaire.

Bertille n'était pas certaine d'être en mesure, réellement, d'apporter à son interlocuteur tous les arguments les plus valables. Si elle pouvait être vraiment capable de lui forcer la main, elle le ferait sans doute, mais ce n'était pas le cas. Alors elle se contentait de ce qu'elles avaient, et si ce qu'elles avaient été très peu, elle comptait tout de même sur leurs efforts conjugués, à elle et Orchide, pour parvenir à leurs fins le moment venu.

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Messages : 95 Date d'inscription : 01/11/2019

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Achab n’était pas habitué à recevoir du monde. Encore moins de personnes qu’il ne connaissait pas. Il était habitué à sa quiétude, et sa solitude, et il ne fréquentait qu’un nombre restreint de personnes. Il n’était pas le genre de personne à ouvrir sa porte à n’importe qui, heureux de pouvoir partager un peu de compagnie, et de chaleur humaine, tout en se faisait de nouvelles relations. Ps du tout, ce n’était pas son style. Mais quelque chose lui disait que ces deux jeunes femmes étaient là pour des raisons bien précises. Jeunes femmes qu’il n’avait par ailleurs jamais vues, et qu’il n’était pas prêt à laisser entrer chez lui pour le moment. Pas spécialement par méfiance, mais il ne faisait pas rentrer n’importe qui chez lui.

« Achad Silmar ? »

Achab ne prit pas la peine de répondre. Si elles étaient là, c’est qu’elles savaient qui il était. Il était tout de même perplexe, il ne savait pas ce qu’on pouvait bien lui vouloir. Il n’était pas du genre à faire parler de lui, surtout ces dernières années. Achab s’était muré dans sa vie, depuis que Feerie avait été séparé du reste du monde, par une barrière magique. Maintenant, cette barrière n’existait plus, mais il n’était pas pour autant plus extraverti.

« Nous avons besoin de votre aide, pour traverser l’océan. »

Eh bien, en voilà une surprise. Achab n’en montra rien, si ce n’est un léger haussement de sourcil. L’avaient-elles pris pour un directeur de croisière ? Il n’était pas un passeur non plus, et il n’était pas du genre à emmener les gens en voyage. S’il comptait reprendre la mer, c’était pour son propre compte, pas pour emmener des gens là où ils le lui demandaient. Et puis, ce n’était tout de même pas banal, de vouloir traverser l’océan. Les Féeriens n’étaient pas censés vouloir aller de l’autre côté, ils devraient plutôt craindre une nouvelle guerre. Et elles ne ressemblaient en rien à des habitantes de l’autre royaume. Peut-être qu’elles fuyaient quelque chose, ou quelqu’un, mais il ne voulait pas être mêlé à des histoires.

-Peut-être le savez-vous déjà... La barrière qui scindait l'océan a été abattue. Nous vous paierons pour ce voyage, bien sûr, et nous vous assisterons à bord autant que nécessaire.

Il s’avançait peut-être, mais quelque chose lui disait qu’elles n’avaient jamais mis le pied sur un bateau. Alors il préfèrerait autant qu’elles restent assises dans un coin et se fasse oublier. Mais pour cela, il faudrait encore qu’il accepte leur demande, et ce n’était pas encore gagné. Mais elles avaient au moins retenu sa curiosité. Avec un léger grommellement, il les laissa entrer, retournant s’assoir tout en les gardant en vue.

« Je sais que la barrière n’existe plus. Mais je ne vois pas pourquoi je vous emmènerai avec moi. Quel est le motif de votre voyage ? »

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**Orchide** Messages : 68 Date d'inscription : 31/10/2019

Orchide n’avait pas spécialement pour habitude de se montrer délicate et encore moins de tourner autour du pot. C’était comme ça, la jeune femme allait directement dans le vif du sujet et ne prenait pas forcément de gant. C’était bien pour cela qu’elle avait besoin de Bertille par moment pour la contenir, en partant du principe qu’il était possible de contenir une demi-ogresse. Son amie reprit la parole après elle, dans le but de négocier un peu plus leur traverser. La barrière avait disparu, ça c’était la meilleure nouvelle qu’elles avaient eue. Ainsi, elles savaient maintenant qu’elles pouvaient passer de l’autre côté et rejoindre cette contrée inconnue dans le but d’accomplir leurs destinées. Enfin… pour que la demi-ogresse puisse accomplir la sienne, puisque malheureusement Victoria était morte à présent et donc que Bertille n’avait pas forcément de raison de se rendre de l’autre côté. Mais elle le ferait, pour elle, parce qu’elle le lui avait promis et que Orchide savait parfaitement qu’elle pourrait toujours compter sur sa meilleure amie qui était même devenue comme une sœur pour elle.

Elle précisa qu’elles allaient payer cet homme pour son dérangement et qu’elles allaient même l’aider avec le bateau pendant le voyage. Orchide n’était pas spécialement motivée à aider sur le navire, elle n’avait pas réellement le pied marin mais pour ce qu’elle avait à accomplir, elle ne pouvait que considérer que c’était la moindre des choses. De toute façon, elle était prête à tout pour retrouver celui qui avait tué ses sœurs.

L’homme grommela quelque chose et les laissa entrer chez lui. Orchide ne se fit pas prier, baissant la tête pour entrer sans se cogner dans la demeure du marin. C’était qu’avec sa grande taille, elle avait quand même souvent ce souci. L’homme affirma qu’il savait que la barrière n’existait plus, mais qu’il ne voyait pas pourquoi il devrait les aider. Quand il lui demanda le motif de ce voyage, la demi-ogresse se renfrogna un peu. Orchide savait bien qu’elle ne devait pas se vexer pour rien, qu’elle devait prendre sur elle et se montrer un peu sociable, mais ce n’était pas le plus facile.

« Je ne vois pas en quoi ça vous regarde. » Répondit-elle vivement, en croisant les bras. « On vous paiera pour votre peine, c’est tout ce que vous avez besoin de savoir. »

Ou pas, en soit l’homme méritait peut-être de savoir un peu plus sur le but de leur voyage, mais Orchide n’avait aucune envie de lui parler de tout cela. Achab n’avait pas besoin de savoir qu’elle désirait se rendre de l’autre côté de l’océan dans le but de retrouver le garçon qui avait tué sa famille… alors que ce même garçon vivait en réalité dans la contrée qu’ils foulaient le sol à longueur de temps et qu’elle n’avait pas besoin de se donner autant de peine.

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Messages : 444 Date d'inscription : 08/03/2019

L'appel du large

B

on, il savait donc que la barrière n'était plus, mais manifestement, ça ne le rendait pas plus enthousiasme et aimable pour autant. Bertille pouvait difficilement lui en tenir rigueur, en même temps. Deux parfaites inconnues débarquaient chez lui dans l'espoir de se faire une place dans l'équipage de son bateau, rien d'anormal à ce qu'il se montre réticent à les emmener, d'autant qu'il ne pouvait pas deviner leur intention. Malheureusement, Bertille n'était pas forcément la meilleure quand il s'agissait de marchander ou d'argumenter. Avec le temps, c'était un réflexe qu'elle aurait dû acquérir, mais il lui restait du chemin à faire. Oh elle savait qu'elle disposait d'au moins un argument qui pourrait éventuellement faire flancher son interlocuteur, mais elle préférait, si cela était possible, qu'il n'arrive pas sur le tapis.

Il y avait des raisons pragmatiques à avancer quant au fait qu'il les prenne avec lui, comme le fait qu'avoir des mains supplémentaires à bord pour entreprendre un si long voyage ne serait sans doute pas du luxe (quand bien même ni l'une ni l'autre n'avait la moindre expérience de la navigation - ce qui pourrait se révéler potentiellement problématique, ne nous le cachons pas). Dans tous les cas, Bertille espérait réussir à faire preuve de ce qu'il fallait de diplomatie afin de changer l'opinion de son interlocuteur sans pour autant avancer les réelles motivations d'un tel voyage (qu'il ne comprendrait ou n'accepterait pas, c'était de l'ordre de la plus pure évidence).

Mais quand il était question de diplomatie, il ne fallait pas compter sur le soutien d'Orchide. Bertille l'adorait, en partie pour son franc parler, pour le fait qu'elle n'avait pas sa langue dans sa poche et ne se privait jamais de dire ce qu'elle pensait, même quand ce qu'elle pensait était susceptible de déplaire. Et là, elle n'avait clairement pas réussi à se retenir. Oui, ça réussirait à la faire sourire en d'autres circonstances, mais en l'occurrence, Bertille avait envie d'écraser son pied gigantesque afin de la retenir... même si elle le sentirait à peine. C'était pour elle, avant tout et surtout, qu'elles voulaient entreprendre cette traversée, et elle ne savait pas si elles auraient d'autres opportunités de faire le voyage. Elles ne pouvaient espérer y parvenir par leurs propres moyens. Elles ne sauraient même pas comment faire pour qu'un bateau quitte le port.

-Nous sommes à la recherche d'une personne qui vit là-bas... nous n'avons aucune mauvaise intention, pondéra Bertille. Et nous sommes prêtes à travailler autant que nécessaire... A vous payer autant que nécessaire. Nous ne vous encombrerons pas, mais nous avons vraiment besoin de nous rendre là-bas, insista Bertille.

Et s'il demandait plus de précisions ? Elle ne savait pas exactement ce qu'elle répondrait alors.

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Messages : 95 Date d'inscription : 01/11/2019

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Ce n’était pas tout, mais les deux petites commençaient gentiment à l’ennuyer. Elles n’étaient pas là depuis longtemps, certes, mais il ne sentait pas leur affaire. Pourquoi deux Féeriennes de leur âge voudraient se rendre de l’autre côté ? ça n’avait pas de sens. Elles n’y allaient probablement pas par hasard, et il n’avait pas envie d’être mêlé à il ne savait trop quoi. Il voulait surtout qu’on lui fiche la paix, il venait de retrouver sa liberté en pouvant naviguer de nouveau, il ne voulait pas la perdre parce qu’il aurait aidé les mauvaises personnes. Il ne les connaissait pas, peut-être qu’elles n’avaient rien à se reprocher, mais il se méfiait quand même. Il y avait beaucoup trop de complots et de trahisons dans les alentours, il n’avait aucune envie d’y être mêlé, et tout le monde avait des choses à se reprocher. Il ne les aiderait pas, tant qu’il n’aurait pas eu des réponses à ses questions. Après tout, c’était elles qui demandaient son aide, alors il n’avait aucune raison de plier à leur demande s’il n’en avait pas envie. Et elles devaient savoir que presque personne à part lui n’était en mesure de les faire traverser.

« Je ne vois pas en quoi ça vous regarde. On vous paiera pour votre peine, c’est tout ce que vous avez besoin de savoir. »

Il fronça les sourcils. De toute évidence, elle n’était pas commode, la demi-ogresse, mais elle allait devoir se calmer un peu si elle voulait obtenir quoique ce soit de lui. D’autant que lui aussi, n’était pas toujours très aimable, alors les deux ensembles sur un bateau, il ne voulait pas imaginer. Ça le regardait étant donné que c’était sur SON bateau qu’elles allaient potentiellement monter.

-Nous sommes à la recherche d'une personne qui vit là-bas... nous n'avons aucune mauvaise intention. Et nous sommes prêtes à travailler autant que nécessaire... A vous payer autant que nécessaire. Nous ne vous encombrerons pas, mais nous avons vraiment besoin de nous rendre là-bas.

La petite blonde était un peu plus aimable, ce qui faciliterait peut-être les choses. Une personne qui vivait de l’autre côté… ce n’était pas plus parlant. Elles semblaient jeunes, toutes les deux, il mettrait sa main à couper qu’aucune des deux n’avait jamais mis un pied là-bas, elles n’étaient peut-être même pas nées quand la barrière avait été érigée. Alors il voudrait bien savoir comment elles pouvaient être à la recherche de quelqu’un qui vivait là-bas… Il était même certain qu’elles ne savaient pas dans quoi elles embarquaient. Leur arrivée serait remarquée, et pas bien accueillie. Encore moins avec la demi-géante, elles courraient à la catastrophe, mais bon, vu comme elles étaient gentilles, surtout l’une des deux, il n’allait pas se faire un sang d’encre pour elles.

« Je me fiche de ton argent miss mal aimable. » Dit-il à l’intention d’Orchide. Il retourna ensuite son intention vers Bertille. « Vous n’avez aucune idée de ce que c’est l’autre côté, je ne sais pas qui vous cherchez, ni pourquoi, mais vous feriez mieux d’oublier. Le peuple de l’autre côté déteste les Féeriens, vous avez peu de chances de survivre. Surtout avec ce que tu te traînes comme amis ma petite. »

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**Orchide** Messages : 68 Date d'inscription : 31/10/2019

Orchide et la diplomatie, ce n’était pas vraiment… ça. Clairement pas ça. Bertille reprit la parole après elle, en se montrant un peu plus explicite sur ce qu’elles avaient l’intention de faire de l’autre côté de l’océan. Orchide trouvait Bertille beaucoup trop gentille avec ce vieux loup de mer, elle la trouvait trop… parlante. Mais en même temps, c’était peut-être ainsi qu’il fallait s’y prendre. Même si Orchide était capable de faire preuve d’une grande, très grande, mauvaise foi, elle savait aussi reconnaître qu’elle n’était pas la plus diplomate des deux. Parce qu’elle disait ce qu’elle pensait, qu’elle ne possédait pas vraiment de filtres. Et visiblement, le marin n’appréciait pas spécialement ce qu’elle lui avait dit.

Bah tant mieux, parce que de son côté, elle n’appréciait en aucun cas sa manière de lui parler. Orchide était presque tenté de dire à Bertille qu’elles partaient, parce qu’elle n’avait aucune envie de faire des efforts avec cet homme et encore moins lui donner un coup de main lors de la navigation. Mais, elle pensa à Michael. Elle devait le trouvait, elle devait venger sa famille, et s’il se trouvait bel et bien de l’autre côté de l’océan, elle devait le trouver. Donc, elle allait faire un effort.

Elle ne répondit rien du tout à la remarque de Achab et se contenta de l’écouter s’adresser à Bertille. Il les mettait en garde concernant l’autre côté de l’océan, affirmant qu’elles n’avaient pas conscience de ce qu’elles allaient trouver là-bas. Ça irait, Orchide s’était débrouillée seule pendant des années, Bertille avait vécu le pire, franchement la demi-ogresse partait du principe qu’elles pouvaient survivre à tout. Mais visiblement, le peuple de là-bas détestait les féeriens… et avec ce que Bertille se trainait comme amie…, pardon ?

Orchide se tendit de tout son long – et son long était long –, elle eut envie de répliquer quelque chose, elle était à deux doigts de… de le manger ? Ou plutôt de le menacer de le manger, mais ça reviendrait au même, d’agir comme l’ogre qu’était son père, histoire de se montrer un peu menaçante. Mais elle parvint à se contenir. Elle n’appréciait absolument pas les propos du vieux loup de mer, mais elle n’avait pas l’intention de gâcher leur chance de passer de l’autre côté de l’océan. Elles ne pouvaient pas savoir si une autre chance allait leur être accordé, donc elle devait prendre sur elle, elle n’avait pas le choix et surtout laisser Bertille s’occuper des négociations. Même si ce n’était pas du tout facile et qu’elle aimerait bien pouvoir remettre ce vieil homme en place. Non parce qu’en plus, elle avait le sentiment qu’il les considérait comme des gamins, à appeler Bertille « ma petite » et les considérer comme incapable de se défendre.

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Messages : 444 Date d'inscription : 08/03/2019

L'appel du large

B

on, l'argent n'était pas un argument pour lui, pas de bol, elle avait estimé que c'était le plus solide qu'elle avait à disposition (même s'il reposait en grande partie sur un mensonge car les deux miss étaient loin d'être fortunées, même si elles avaient quelques trésors en réserve - peut-être que ça s'était vu sur leurs têtes, d'ailleurs, et que c'était ce qui avait dissuadé leur interlocuteur de prendre ce point en considération, qui sait). Soit, Bertille avait d'autres arguments à disposition... Dont certains qu'elle n'avait pas la moindre envie d'avancer, mais si elle n'avait pas le choix, eh bien... eh bien elle le ferait. Parce qu'elle avait fait une promesse à Orchide, et qu'elle se devait de la tenir. A présent qu'elle savait avoir perdu Victoria, maintenant qu'elle avait admis qu'elle ne la reverrait plus jamais, elle devait savoir se reposer et se focaliser sur ce qui, tout de même, valait encore la peine de se battre ou en tout cas de continuer. Aider Orchide, qui l'avait tant aidée, semblait le seul objectif raisonnable à sa disposition, pour l'heure. Encore que, "raisonnable", il fallait le dire très rapidement, c'est clair.

Et pour ce qui était de l'aider, d'ailleurs, on ne pouvait pas forcément dire qu'Orchide y mette du sien, même si ce voyage, c'était définitivement pour elle qu'elles le feraient. Elle avait à l'évidence fait une très mauvaise impression au vieux loup de mer, et ce n'était pas bon pour elle. La demi-ogresse avait fait le choix de rester muette, et quelque part, Bertille ne pouvait que l'en remercier... Parce que la moindre parole qu'elle aurait pu prononcer aurait sans doute empiré les choses, à ce stade, on ne va pas se mentir.

-Justement, je pense qu'il est préférable, quitte à se trouver en territoire hostile, d'avoir des arguments susceptibles d'impressionner les locaux, répondit Bertille au sujet d'Orchide. Sûr que la demi-ogresse ne passerait pas inaperçu, mais elle pouvait impressionner aussi. Merci de vos mises en garde et de votre considération, mais notre survie une fois sur place ne dépendra que de nous et ne nous concerne en rien. Croyez-le bien, elle comme moi en avons vu d'autres.

Pas dit que cela suffise à le convaincre malgré tout. Elle allait sûrement passer pour une gamine trop sûre d'elle et qui se ferait dévorer toute crue. Elle n'allait pas délivrer le détail de leurs expériences pour convaincre l'amoureux de l'océan. Elles ne demandaient qu'à être du voyage, pas de faire de lui leur garde du corps personnel une fois sur place.

-J'apprécierais ne pas avoir à vous en donner l'ordre, mais si vous deviez m'y obliger, sachez qu'il serait malvenu de votre part de refuser d'obéir à votre princesse.

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Les deux miss commençaient sérieusement à lui courir. Si elles voulaient vraiment passer de l’autre côté, qu’elles prennent une barque et rament. Bien sûr, elles n’y arriveraient jamais comme ça, mais ce n’était pas son problème. Il n’aimait pas leurs grands airs. Il trouvait qu’elles en en avaient en tout cas, ce qui n’avait rien de très agréable. Il n’était pas un passeur, dans tous les cas, et il ne proposait pas de croisière non plus. En théorie, elles ne le gêneraient pas. En théorie. Avec les femmes il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Sur ce plan, il était bien content de préférer les hommes. Quoiqu’il en soit, il n’avait vraiment pas envie de faire d’effort. Il se fichait de passer pour un rustre, ou un méchant personnage. L’avis des autres ne l’avait jamais intéressé.

Et encore moins celui de deux dindes. Achab n’était pas vraiment sympathique pour le coup, mais rien ne le forçait à l’être, et le plan des demoiselles ne lui plaisait pas. D’autant qu’il avait du mal à saisir pourquoi elles voulaient s’y rendre, alors que de toute évidence, elles étaient trop jeunes pour y avoir mis un seul orteil. Ce n’était pas une destination touristique, c’était dangereux, vraiment dangereux.

-Justement, je pense qu'il est préférable, quitte à se trouver en territoire hostile, d'avoir des arguments susceptibles d'impressionner les locaux. Merci de vos mises en garde et de votre considération, mais notre survie une fois sur place ne dépendra que de nous et ne nous concerne en rien. Croyez-le bien, elle comme moi en avons vu d'autres.

Sa considération ? Ah non, il y avait erreur. Il ne considérait rien du tout, il s’était juste montré honnête, et avait exposé les faits rien d’autre. En aucun cas leur sort de l’intéressait, et en aucun cas il n’avait eu l’intention de jouer les gardes du corps. Tâche dans laquelle il aurait été très mauvais dans tous les cas. Qu’elles en aient vu ou non n’était pas la question. Les habitants du bout du monde n’étaient pas du tout comme les féeriens. Ils faisaient moins dans la fourberie, ils agissaient tout de suite. Et à la vue de la demi-géante, il était possible qu’ils décident d’attaquer tout de suite afin d’éviter toute menace.

« C’est bien ce genre de réponse qui me prouve à quel point vous ne tiendrez pas. Vous ne savez rien de ce royaume, de ses habitants, de leur langue, leurs coutumes, leur climat… Il n’y a pas de forêts pour se cacher là-bas, il n’y a qu’un vaste désert interminable. Mais après tout, ce n’est pas mon problème. »

-J'apprécierais ne pas avoir à vous en donner l'ordre, mais si vous deviez m'y obliger, sachez qu'il serait malvenu de votre part de refuser d'obéir à votre princesse.

Qu’est-ce que c’était encore que ça… Une princesse. Sa princesse. Mais bien-sûr. Elle avait tout d’une princesse c’est certain… elle le pensait idiot à ce point ? Et quand bien même, elle était une princesse, Achab ne se courbait pas comme ça. Les nobles, il ne les aimait pas beaucoup, il en restait le plus loin possible. Alors il n’allait pas obéir à une princesse sortie de nulle part.

« Tiens donc, vous êtes une princesse maintenant. »

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