Baisser les bras dans une compétition sous prétexte qu'on ne peut terminer premier est incompatible avec l'esprit du sport. (Joseph)

Baisser les bras dans une compétition sous prétexte qu'on ne peut terminer premier est incompatible avec l'esprit du sport

Joseph s’entraînait, il fallait bien en même temps. Il devait se tenir prêt à toute menace éventuelle concernant leur roi, encore plus ces temps-ci, mais Joseph ne pouvait pas le savoir. Quoiqu’il en soit, il appréciait ces moments d’entraînements, où il pouvait se retrouver seul avec lui-même. Bien évidemment, le temps avait passé et il ne pouvait pas exécuter certains mouvements avec autant d’aisance que lorsqu’il avait vingt ans. Mais il s’entretenait tout de même et restait un bon combattant. Et il ne manquerait pas de le prouver s’il le devait. Ce n’était pas comme s’il reculait devant quoique ce soit de toute façon, il n’était pas idiot, ou tête brûlée, mais il savait se fixer des objectifs et détestait le sentiment d’abandon ou d’échec.

Comme par exemple, son idylle avec Jocaste. Idylle qui n’était certes vécu que de son point de vue, mais ce n’était pas comme s’il comptait lâcher l’affaire, et ce n’était pas le retour « miraculeux » de Geoffroy qui allait changer les choses. Il était revenu, certes, et Jocaste en était plus qu’heureuse, et même si cela l’énervait au plus au point, ses motivations, et ses intentions ne changeraient pas. Il aurait cette femme un jour ou l’autre, il trouverait bien un moyen de lui faire oublier Geoffroy. Elle était heureuse sur le moment, et pour le moment, mais il trouverait le moyen de lui ouvrir les yeux, et lui démontrer qu’il n’y avait que lui, et lui seul pour la rendre heureuse, et pas Geoffroy Wincane. D’ailleurs, ce n’était pas plus mal qu’ils soient proches, lui et elle, au moins, il pouvait l’appeler par son prénom, parce que « Lady Wincane » il détestait tout bonnement. Alors c’était tant mieux.

« Bonjour Joseph. »

Ah tiens, le voilà lui. Evidemment, maintenant qu’il était revenu au palais, il allait le croiser dans les couloirs. Il espérait qu’Edgar ne le reprenne pas dans la garde. Joseph n’avait déjà aucune confiance en lui, et puis… le supporter tous les jours… Quoique, s’il revenait dans la garde, il pourrait toujours disparaître… accidentellement. C’était un point de vue à approfondir, mais là, ce n’était pas le moment. Il lui adressa un sourire, parce que même s’ils n’étaient pas amis, ils n’étaient pas ennemis non plus, pas officiellement.

« Ça faisait longtemps. »

Oui, eh bien pas assez au goût de Joseph qui se serait bien satisfait de ne plus le revoir du tout celui-là. Mais bon, les choses étaient ainsi, soit, il s’en accommoderait tout seul. Et il finirait par obtenir gain de cause, en même temps, il était bien temps que cela arrive !

« Geoffroy ! En effet, cela faisait longtemps, on y croyait plus d’ailleurs, mais te voilà ! C’est un véritable miracle, ça n’a pas dû être simple pour toi. Alors, bon retour ici. »

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Joseph n’était pas de base, un homme très jouasse. Il n’était pas le genre d’homme qui souriait à chaque occasion, qui exprimait son bonheur et sa joie de vivre à tout va et qui à qui voulait bien l’entendre. Il était plutôt du genre à garder ses émotions et ses sentiments pour lui, parce que cela ne regardait pas les autres, et parce que cela pouvait également représenter une faiblesse. Et puis, il n’avait pas non plus spécialement de raison d’être joyeux. Evidemment, il avait une vie confortable. Il était riche, noble, il occupait une bonne place militaire et le roi l’avait en sympathie. Mais il lui manquait Jocaste, encore et toujours. Même s’ils étaient proches, ce n’était pas assez, loin de là. Et maintenant, problème, Geoffroy était revenu à Féerie. Alors qu’il pensait en être débarrassé, il fallait qu’il refasse surface. Et cela avait tendance à rendre Joseph encore plus taciturne qu’il ne l’était en général. Il allait falloir qu’il réfléchisse à comment l’évincer, mais cela n’allait pas être chose aisée, il en avait bien conscience, malheureusement. Mais cela ne changeait rien.

En tout cas, il devait faire avec lui pour le moment, et cela ne l’enchantait pas. Mais il n’avait pas vraiment le choix. Les choses restaient cordiales entre eux, et Joseph se forçait à ne pas paraître agressif ou désagréable, ce qu’il avait tout à fait envie d’être avec lui. Il n’y avait que Jocaste qui arrivait à tirer le meilleur de lui, et il était plutôt bien caché. Il aurait voulu ne jamais le voir revenir, ils étaient si bien sans lui… et Joseph était certain que Jocaste aurait fini par se rendre compte que sa vie était avec lui, et qu’il lui ferait oublier Geoffroy. Mais ce dernier venait de tout gâcher. Joseph n’abandonnait pas, jamais, mais il avait conscience que les choses seraient plus dures. Cela ne l’arrangeait vraiment pas, mais il devait faire avec. Et en plus, il devait supporter Geoffroy. Ce qui l’arrangeait encore moins.

« Merci beaucoup. »

Oh, il ne devrait pas le remercier trop vite. Il n’était pas du tout sincère envers Geoffroy, il ne lui souhaitait pas un bon retour, parce qu’il n’y aurait pas dû avoir de retour tout court. Ou bien pas avant qu’il ait enfin obtenu Jocaste. Il aurait préféré que Geoffroy ne soit pas là, qu’il soit mort et réduit en poussière, cela aurait été mieux pour tout le monde, même pour Jocaste.

« Ça n’a pas été simple non, mais je ne vais pas le cacher. Mais c’est derrière moi maintenant. »

Il dut se retenir assez fort de ne pas lever les yeux au ciel. S’il pensait qu’il allait vivre une vie paisible et heureuse, il fallait qu’il s’enlève ça de la tête. De lui-même, il devrait se dire que la destruction de la barrière était vraiment inquiétante, et potentiellement dangereuse pour Féerie, mais peut-être que cela ne l’intéressait pas, ou qu’il était trop égoïste. (Et Joseph de mauvaise foi)

« Cela ne veut pas dire que les choses vont être de tout repos. Je ne sais pas si tu vas reprendre tes fonctions, mais il va peut-être falloir se préparer à une guerre. Mais tu dois t’en douter, évidemment. »

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Bon, en soit, Joseph n’avait aucune intention de brosser Geoffroy dans le sens du poil. Il n’avait pas envie qu’il se sente bien, et accueilli ici. Il ne l’était pas, Joseph avait surtout envie de le renvoyer sur l’autre royaume à coup de pied dans le derrière. Mais bon, il ne pouvait pas faire ça, fort malheureusement. Il devait faire avec lui, supporter sa présence, alors qu’elle l’incommodait au plus au point. Mais il ne pouvait pas non plus le lui dire clairement. IL ne pouvait qu’afficher une cordialité teintée d’hypocrisie. Geoffroy ne serait sûrement pas dupe. Il savait déjà avant son départ, et surtout son non-retour, qu’ils ne s’appréciaient pas tous les deux. Et ce n’est pas les vingt ans d’absence de Geoffroy qui allaient changer quelque chose à ça. De toute façon, ce n’était pas comme s’il avait subitement l’envie de devenir ami avec lui. Cela n’arriverait jamais.

Mais bon, se sauter à la gorge, ce n’était pas une bonne idée. Il n’aimait pas Geoffroy, mais il aimait Jocaste, et pour elle, il saurait se montrer patient -ce qu’il faisait depuis quelques décennies déjà- et il prendrait sur lui pour ne pas attaquer Geoffroy. Après tout, il fallait que les fautes viennent de lui, et exclusivement de lui. Joseph ne voulait rien n’avoir à se reprocher au niveau de la femme qu’il aimait. Mais bon, il avait de plus en plus de mal à rester maître de lui-même, déjà avec Jocaste, et il sentait que ce serait la même chose avec Geoffroy, alors il ne faudrait pas trop le titiller, pour plus de sûreté.

« Je m’en doute en effet, je suis bien placé pour savoir ce qu’ils représentent. Je ne sais pas encore si je vais reprendre mes fonctions. »

Oui eh bien, il espérait que non. Il n’avait aucune envie de se le coltiner toute la journée, ou du moins, plus souvent qu’il ne le pourrait. Rien que de le voir, cela avait le don de lui mettre les nerfs à vif. Il détestait cet homme, et ce qu’il représentait. A jouer l’homme parfait qu’il n’était pas… Il pouvait tromper Jocaste, même le roi, mais il ne le trompait pas lui. Et au fond, il espérait que le roi ne lui ferait pas confiance. Il saurait ouvrir les yeux à Jocaste, mais avec un peu de chance, Edgar saurait voir les choses par lui-même. Après tout, il avait toujours su faire les bons choix, alors il ne fallait pas qu’il reprenne Geoffroy à la garde royale. Ils n’avaient pas besoin de lui.

« J’aimerais bien et je pense que je peux être d’une grande aide, même si dans tous les cas fonction ou pas, j’ai bien l’intention de tout faire pour que Féerie n’ait aucun souci. »

Bah tiens, à l’entendre, on aurait presque l’impression que Geoffroy était leur sauveur à tous, et que son arrivée devait être vue comme un miracle. Avant qu’il ne revienne, le Royaume ne s’était jamais aussi bien porté, alors il n’avait plus qu’à repartir maintenant. Joseph le dévisagea, avant d’afficher un pseudo-sourire, il ne pouvait pas faire mieux avec lui.

« Ce sera au roi de décider dans tous les cas. Et de démêler le vrai du faux dans toute cette histoire. Lui seul sait ce qui est bon pour son Royaume ou non. »

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Joseph ne se comportait peut-être pas de manière très mature, en tentant par tous les moyens de le contredire, et de trouver la faille, mais c’était comme ça. Il n’avait pas envie de faire le moindre effort. Il n’appréciait déjà pas Geoffroy avant que celui-ci ne se retrouve coincé de l’autre côté de la barrière, il n’allait pas faire des efforts maintenant qu’il était revenu. Alors que Joseph avait réussi à beaucoup se rapprocher de Jocaste. Geoffroy fichait tout par terre, et Joseph ne comptait pas laisser passer cela. Il n’avait aucune envie de mettre de l’eau dans son vin, et il se fichait que Geoffroy se rende compte qu’il ne l’appréciait pas. C’était dans tous les cas, quelque chose qu’il savait déjà.

Joseph n’avait aucune envie de le voir réintégrer la garde royale. Il n’avait absolument aucune envie de travailler à nouveau avec lui. S’il devait encore supporter sa présence tous les jours, Joseph n’était pas sûr de pouvoir tenir. Il était vraiment déçu, et frustré par le retour de Geoffroy, ce serait donc une très mauvaise idée. Mais ce n’était pas à lui d’en décider, comme il l’avait dit, c’était leur roi bien aimé qui aurait le dernier mot. Joseph espérait que le roi voterait en défaveur de Geoffroy, mais il ne pouvait en être sûr, et surtout, il n’avait aucun poids dans ce choix final, il n’était rien du tout pour le roi, un soldat c’est tout, alors ça ne servirait à rien qu’il tente de lui donner son avis, au contraire, cela pourrait empirer les choses pour lui.

« J’en ai bien conscience. »

Qu’il en ait conscience ne changeait pas grand-chose aux yeux de Joseph. Geoffroy s’imaginait peut-être utile à Féerie, mais ils s’étaient tous très bien débrouillé sans lui durant ces vingt dernières années. Il ne voyait pas en quoi il leur serait d’une grande aide. Même en cas de guerre, ce n’était pas un homme qui allait tout changer, c’était sûr et certain. Joseph surinterprétait probablement les choses, mais qu’importe, il avait besoin d’enfoncer Geoffroy, c’était bon pour ses nerfs.

« Et je pense que pour le coup, il sera bien moins naïf que Jocaste. »

Petite pique gratuite, mais en même temps, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il avait déjà dit à Jocaste qu’elle se précipitait, et il continuait de le penser. Et cela n’était pas près de changer, c’était plus que certain.

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C’était au-dessus de ses forces. Joseph ne pouvait pas se montrer cordial et aimable avec Geoffroy. Cet homme l’insupportait, il lui sortait par les yeux, et son retour était la pire nouvelle qu’il n’avait jamais eu. Après l’annonce du mariage du couple Wincane. Il n’avait pas l’intention de se montrer gentil avec lui, qu’importe l’amour qu’il avait pour Jocaste, cela ne s’épandait pas jusqu’à l’époux. Bien au contraire. Que Geoffroy ait souffert de la distance, que sa vie ait été un calvaire durant toutes ces années, seul, de l’autre côté, ce n’était pas son problème. Il n’avait qu’à mettre fin à ses jours, si cela avait été aussi insupportable. Geoffroy ne lui avait jamais dit que cela avait été le cas, mais il était certain qu’il avait dû sortir ce genre de salades à Jocaste, c’était totalement son genre.

Joseph était peut-être de mauvaise foi, mais il n’empêche qu’il était certain que Geoffroy avait baratiné Jocaste. Elle avait beau être une femme intelligente, elle s’était sans doute laissée porter par ses sentiments, et le bonheur de le retrouver. Et à ce compte-là, Geoffroy pouvait bien lui dire ce qu’il voulait. Mais le roi n’aurait pas la partie sentiment, et Joseph comptait sur lui pour ne lui accorder aucune confiance. Il pourrait l’exiler que cela arrangerait nettement les affaires du garde, mais il n’était pas certain que cela se produirait. Après tout… il en avait besoin pour avoir des informations sur l’autre royaume, et pour le surveiller.

« Tu sous-entends que mon épouse est naïve ? »

Voilà qu’il tentait d’inverser la situation. Joseph n’avait absolument pas dit cela. Il avait juste sous-entendu le fait qu’il aurait plus de facilités à berner Jocaste, étant donné les sentiments qu’elle avait pour lui. Geoffroy ne devrait pas tenter d’entrer en conflit avec lui. Même s’ils l’étaient implicitement, il serait tout de même dommage que cela devienne plus officiel. Il détestait cet homme, et il ne le laisserait pas créer des tensions entre Jocaste et lui. Sa présence en était déjà une de taille, malheureusement.

« Je te connaissais plus… respectueux Joseph. »

Comme s’ils se connaissaient assez pour que Geoffroy se permette de telles réflexions. Et qu’il ne joue pas à l’époux protecteur. Ces deux dernières décennies il avait été un mari absent, c’est tout. Jocaste s’était débrouillée sans lui, et surtout, c’était sur Joseph qu’elle s’était appuyée. Alors que Geoffroy ne décide pas de monter sur ses grands chevaux, c’était tout bonnement inutile, en plus d’être ridicule.

« Je n’ai jamais dit cela. J’ai juste posé le fait que ses sentiments pour toi et la joie de te retrouver pouvaient obscurcir son jugement à ton égard. Alors ne te donne pas de grands airs de chevalier servant, ça ne te va pas du tout. »

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Joseph avait toujours pensé que Geoffroy était un abruti fini, et ce n’était pas parce qu’il était revenu d’entre les morts qu’il allait changer d’avis. Il le trouvait même encore plus stupide, c’est pour dire. Il n’avait pas de raison particulière pour penser cela, c’était juste son ressenti, et aussi de la mauvaise foi sans doute. Mais il ne pouvait pas faire autrement que de mépriser cet homme, et ne pas l’apprécier. Ce n’était peut-être qu’à cause de Jocaste, ou alors c’était une question de caractère, il n’en savait rien mais ça n’avait pas d’importance. Cela faisait tellement d’années qu’il avait décidé qu’il ne l’apprécierait pas du tout alors ce n’était pas maintenant qu’il allait s’interroger sur le fond. Mais ça ne passerait sans doute jamais. Il l’agaçait, réellement. A jouer l’homme parfait, qu’il tentait de montrer à tout le monde, mais Joseph lui n’y croyait pas du tout. Il n’avait rien d’un homme parfait, et il attendait avec impatience le jour où il tomberait de son piédestal, surtout en ce qui concernait Jocaste.

« Ça ne te va pas plus qu’à moi tu sais ? »

Était-ce là tout ce qu’il avait en termes de répartie ? Comme pour le reste, il était décevant. C’en devenait même pathétique. Quoiqu’il en soit, Joseph ne se considérait pas comme un chevalier servant. Même avec Jocaste, il ne l’était pas. Il s’était toujours montré patient, et conciliant avec elle, mais il n’avait agi comme son chien, ce que faisait irrémédiablement Geoffroy à ses yeux. Elle le tenait clairement en laisse, et sa réaction ne faisait que le lui confirmer. Même après toutes ces années il rampait à ses pieds. Il pouvait le comprendre, mais même lui ne s’abaisserait pas à un tel comportement, et il était prêt à beaucoup pour cette femme.

« Je comprends bien que tu ne sois pas vraiment ravi que je sois de retour, mais il faudra bien que tu fasses avec Joseph. Et Jocaste n’a besoin que de moi comme chevalier servant, tu dois bien le comprendre. »

C’était quoi ça ? Une tentative d’intimidation ? Elle était totalement ratée. Joseph ne craignait pas Geoffroy, il ne l’avait jamais fait. Et si ce dernier voulait s’engager dans un combat à l’épée, Joseph l’attendait avec grand plaisir. Et il n’aurait aucune intention de retenir ses coups. Mais il savait qu’il devait tout de même prendre garde, et ne pas partir trop rapidement dans les tours. Mieux valait se montrer condescendant, et totalement détaché de ce qu’il pouvait lui dire.

« Non, non. Ne me mets pas dans le même sac que toi, il n’y a que toi pour ramper comme un cabot devant une femme. Mais soit, si tu te sens menacé et que tu tentes de me dire que tu ne veux plus que je lui adresse la parole, va donc le dire à ton épouse, personnellement je n’ai aucune envie de mettre de l’énergie, et du temps dans ces querelles futiles. »

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Soyons clair, Joseph n’avait jamais apprécié Geoffroy, et ce n’était pas que par son lien avec Jocaste, c’était un tout. Mais il l’énervait d’autant plus que personne ne lui avait demandé de revenir, et qu’il ne supportait pas ses grands airs. Comme s’il avait tous les droits. Bon, Joseph extrapolait sûrement un peu les choses, à cause de la situation, mais ça n’avait pas grande importance. Il voyait le retour de Geoffroy d’un très mauvais œil, et en plus de cela, personne ne savait s’il n’était pas devenu un danger pour Féerie. Vingt ans passés chez l’ennemi, qui pouvait dire que ça ne changeait pas un homme, et potentiellement son allégeance ?

Evidemment que cela l’arrangerait, qu’il soit devenu un traitre et que le roi s’en débarrasse, mais il ne fallait pas trop rêver, Joseph le savait bien. Quoiqu’il en soit, si Geoffroy avait tout de suite su berner Jocaste, il allait devoir faire ses preuves avec les autres. Joseph ne comptait pas avoir la moindre once de confiance en lui, et il espérait bien que les autres agiraient de la même façon, surtout le roi. Il ne voulait pas que l’époux miraculé ait tout à ses pieds sous prétexte qu’il était juste revenu vingt ans plus tard au royaume, il n’était pas un héros de guerre non plus, il n’avait rien fait pour Féerie durant toutes ces années.

« Qui suis-je pour interdire quoi que ce soit à mon épouse ? Je n’ai aucune raison de me quereller, j’ai tout ce dont j’ai besoin dans ma vie, je n’ai aucun besoin de lorgner sur ce que possède les autres. J’ai juste un conseil pour toi Joseph : trouve-toi un autre os à ronger. »

Il pouvait fanfaronner tant qu’il le voulait, ça ne changerait pas grand-chose au fait que son destin pouvait toujours basculer. Puis honnêtement, à part Jocaste, il n’avait rien du tout. C’était déjà beaucoup certes, mais il n’y avait pas de quoi prétendre être le roi du monde et le plus heureux des hommes, même si en toute honnêteté, il devait se sentir heureux d’être revenu. Joseph pouvait le comprendre, mais ça ne signifiait pas qu’il partageait cet état, loin de là. Puis ses conseils, très honnêtement, il pouvait bien se les garder.

« En fin de compte, le plus naïf ici c’est toi. Tout ce dont tu as besoin dans la vie ? Tu parles comme si tu étais grand seigneur alors qu’il n’en est rien. Il y aura peut-être une guerre, tu n’auras peut-être plus jamais aucun statut dans ce royaume, mais tu as raison, la vie est merveilleuse. Enfin, après tout, tu viens tout juste de revenir alors que tu avais sans doute perdu tout espoir, ton euphorie se comprends dans un sens. Mais pour ce qui est de ton conseil, je m’en passerai volontiers, je n’en ai nul besoin je te remercie, surtout tant que je ne saurai pas si tu es digne de confiance ou non. »

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