Plus l'ami est ancien, meilleur il est. [pv Geoffroy <3]

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Plus l'ami est ancien, meilleur il est.

Ils ne pouvaient pas revenir en arrière, changer le passé. Geoffroy aimerait bien avoir réussi à rentrer plus tôt, ne pas être séparé autant qu’il l’avait été de son épouse, mais en même temps il ne pouvait pas changer le passé, changer les événements. S’il avait connu son futur, l’homme aurait fait en sorte de ne pas se retrouver coincé, mais ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait changer dans tous les cas. Mais Gwendall tempéra un peu ses propos, en affirmant qu’il n’en était pas si convaincu que ça. Il avait un peu de mal à se dire qu’on ne puisse pas être convaincu par le fait qu’on ne pouvait pas refaire le passé, qu’on ne pouvait pas changer les événements qui avaient lieu. Cela dit, Gwendall ne se retint pas de se montrer plus explicite, affirmant qu’il savait qu’on ne pouvait pas modifier le passé – et même si la magie existait, il ne pensait pas que ça puisse être faisable en effet –, mais qu’on pouvait quand même se servir de ces regrets pour les rendre plus positif. Geoffroy devait bien avouer qu’il aimait bien la vision des choses de Gwendall, qui était bien plus positive que de se contenter de dire qu’on ne pouvait rien faire pour changer nos regrets.

« Tu as raison. » Répondit-il. En soit, Gwendall n’avait peut-être pas besoin de l’entendre affirmer qu’il avait raison, mais puisque c’était le cas, l’homme considérait que c’était la moindre des choses que de l’affirmer. « C’est plutôt une bonne façon de voir les choses. Bien plus que de se contenter de pleurer sur son sort. » Ce que Geoffroy ne faisait pas réellement. Il n’était pas en train de broyer du noir, même s’il ne pouvait pas non plus s’empêcher de regretter le fait de ne pas être rentré plus tôt. Ça n’enlevait pas le fait qu’il était le plus heureux des hommes en cet instant précis, mais en même temps il y avait quelque petite chose qu’il ne pouvait pas s’empêcher de regretter. De ne jamais avoir d’enfant avec sa femme, de ne pas avoir pu la retrouver plus tôt, de lui avait fait vivre une vie de veuve pendant tout ce temps. Mais ce n’était pas pour autant qu’il ne profitait pas pleinement de la situation, de ses retrouvailles avec son épouse, du fait qu’il soit tout simplement de retour. « Cela dit, malgré mes regrets, je n’ai pas été aussi heureux dans ma vie que maintenant. »

Parce qu’il était de retour auprès de son épouse tout simplement, ça n’allait pas aller plus loin. Il y avait toujours certaines parts d’ombre, il aimerait bien que le roi de Féerie ait entièrement confiance en lui, il aurait aimé offrir plus de chose à son épouse… mais ça n’enlevait pas qu’il était le plus heureux des hommes en la retrouvant ici et maintenant. Parce qu’il était de retour, parce qu’il retrouvait sa femme. Ces quelques regrets n’étaient pas suffisamment noirs pour que ça lui gâche la vie.

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I

ls ne pouvaient qu'être d'accord à ce sujet, il n'y avait aucun intérêt à pleurer sur son sort, mieux valait faire des événements, même négatifs, quelque chose de positif. Oui, il était d'accord là-dessus, mais en réalité, il n'était pas si simple de son côté de respecter à la règle les préceptes qu'il exprimait avec philosophie. Parce que même s'il avait envie d'agir, de faire ce qu'il fallait pour protéger les siens, pour protéger ceux qui lui étaient proches... Eh bien... Il était juste incapable de ne pas constater combien sa situation était difficile et douloureuse.

Et forcément, il avait peut-être tendance à se morfondre, pas au point de vouloir accepter son sort et le sort de sa famille... mais au point tout de même d'y penser constamment au point de se rendre particulièrement malheureux... et de rendre son entourage malheureux, il le savait bien (Abygaëlle la première en patissait, et elle le savait parfaitement). Mais ce n'était pas de lui qu'on parlait pour le moment, et ça valait mieux puisque Gwendall préférait ne pas s'épancher sur son cas... assez particulier, il faut bien le dire. On parlait de Geoffroy, et ce dernier, pour sa part, ne se rongeait plus les sangs et ne s'inquiétait tout simplement plus. Parce qu'il était tout simplement heureux, en l'occurrence. Et ça pouvait se comprendre. Il avait retrouvé son épouse après des années d'absence... Et ils s'aimaient comme au premier jour... Forcément, oui, il devait se sentir heureux comme il ne l'avait jamais été. Est-ce qu'il finirait par se rendre compte que ce bonheur était factice, comme à peu près tout ce que l'on trouvait à Féerie ? Il était tenté de le penser, pour sa part, et il ne pensait pas se tromper. Mais il ne se voyait pas mettre en garde son ami... Il voulait tout de même espérer qu'il ne déchanterait pas, et que Jocaste était honnête envers lui.

-Et j'en suis heureux pour toi. Tu mérites plus que personne d'être heureux.

Il le pensait, même si rien ne lui garantissait, au-delà de leur discussion et de leurs retrouvailles, qu'il était encore l'ami qu'il avait perdu il y a près de vingt ans. Il voulait croire que Geoffroy était resté le même, mais il ne pouvait pas en être sûr. Et il espérait dans tous les cas que ses espérances ne seraient pas broyées par les circonstances, bien souvent désastreuses.

-J'espère pour toi que tu ne seras pas.. déçu après quelque temps.

Il n'avait pu s'empêcher d'ajouter ces quelques mots, même s'il ne pensait pas être totalement à sa place en prononçant ces mots. Gwendall ne voulait pas casser la bonne humeur de son ami. Mais il ne savait s'empêcher, de son côté, de vouloir le mettre en garde.

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Mentionner ses regrets, c’était quelque chose que Geoffroy faisait forcément beaucoup en ce moment. C’était comme ça, le fait de revenir à Féerie, de retrouver son épouse, c’était une chance qu’il avait cru avoir perdu à une époque. Cela dit, même s’il était de retour ici, il avait conscience qu’il avait perdu beaucoup de chose, beaucoup de temps. Il était l’homme le plus heureux du monde d’avoir retrouvé Jocaste et qu’elle ne se soit pas remariée en le pensant mort. Parce qu’ils pouvaient se retrouver. Même si forcément, l’homme n’aurait pas pu lui en vouloir si elle avait succombé à l’envie de continuer sa vie avec quelqu’un d’autre, ce n’était pas rien d’être veuve si jeune, il l’aurait parfaitement compris donc. Cela dit, forcément, même si en un sens Geoffroy se disait qu’en décidant de se marier avec un autre homme, Jocaste aurait pu au moins avoir la possibilité de fonder une famille, il avait aussi conscience qu’il n’aurait pas pu s’empêcher d’être jaloux. Et en même temps, il regrettait d’être rentré si tard et de ne pas avoir pu… fonder une famille avec son épouse. Mais il n’allait pas pleurer sur tout cela, parce qu’il était heureux, juste heureux d’avoir retrouvé Jocaste.

Geoffroy afficha un sourire quand son ami affirma qu’il était heureux pour lui, affirmant même que personne ne méritait d’être plus heureux que lui. L’homme était un peu plus… sceptique à ce sujet, parce qu’on ne pouvait pas dire qu’il avait pu être droit toute sa vie pour s’en sortir. Il l’avait été sur beaucoup de chose, à aucun moment aucune femme n’avait été une tentation pour lui par exemple, mais il avait dû faire des choses pour s’en sortir de l’autre côté, il avait dû travailler avec des personnes louches. Cela dit, l’ancien garde royale espérait quand même mériter le bonheur qu’il avait aujourd’hui, le fait de pouvoir retrouver son épouse et revivre avec elle, même s’il devait prouver qu’il n’avait pas de mauvaises intentions vis-à-vis de la couronne de Féerie. Ce qu’il comprenait bien sûr, même si c’était quelque peu frustrant.

« Déçu ? » Demanda-t-il, ne pouvant pas s’empêcher de tilter sur les propos de son ami. « Dans mon souvenir, j’ai quitté un endroit bien pire qu’ici pendant toutes ces années. Je n’aurais pas cru rentrer dans un endroit aussi idyllique. Je ne vois pas en quoi je serais déçu. »

Comparé à tout ce qu’il avait pu voir de l’autre côté de l’océan. Geoffroy n’avait pas vraiment réussi à avoir de l’affection pour ce royaume et ces habitants, mais il reconnaissait sans mal que la guerre avait laissé de grande marque sur ce royaume et la pauvreté était bien présente. Alors que Féerie… Féerie ne lui donnait pas le sentiment d’avoir été si beau avant, et c’était vraiment agréable. Et quoi demander de mieux qu’un royaume qui se portait bien, une épouse qui se portait bien. Geoffroy ne pouvait pas être déçu, rien ne pouvait plus jamais le décevoir.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

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wendall savait qu'il aurait mieux fait de se taire. Au bonheur de retrouver son ami, il aurait envie de lui parler sans filtre et de lui confier le fond de sa pensée comme il n'avait jamais hésité à le faire autrefois. Mais la donne avait changé, et il ne pouvait malheureusement pas redonner à l'ancien garde royal (peut-être en passe de le redevenir) toute l'attention qu'il lui avait adressée autrefois. Ou du moins toute la confiance. Même s'il avait envie de le prévenir, afin de ne pas le confronter à de trop terribles désillusions. Qui sait comment il réagirait ? Il y avait de bonnes chances qu'il ne le croie pas, et au-delà de cela, il ferait toujours passer les intérêts de Jocaste en priorité, et Jocaste était bien trop proche de la Couronne pour que ce soit envisageable... Non, il fallait qu'il fasse preuve de plus de prudence, ne serait-ce que parce que s'il se compromettait lui, c'étaient également Abygaëlle et Anna qu'il compromettait dans la foulée.

Alors même s'il avait envie de partager ses propres déceptions avec Geoffroy, de lui faire comprendre combien il avait tort et à quel point ce monde n'était idyllique qu'en apparence et en apparence seulement, il devait se taire. Geoffroy ferait ses propres choix et ses propres expériences, et Gwendall espérait qu'il finirait par être capable de voir le monde tel que lui-même le voyait. Pas qu'il lui souhaite le sentiment de détresse, de vulnérabilité et d'impuissance qu'il ressentait lui-même, mais il estimait que tout le monde méritait de savoir. Il allait évoluer si près du roi et de ses manigances, cela aussi l'effrayait. Peut-être allait-il perdre à nouveau son ami au moment même de le retrouver, qui sait ? Il ne voulait surtout pas que cela arrive, mais il avait bien conscience, en revanche, du fait qu'on ne lui laisserait pas réellement le choix. Tout ça ne dépendait pas de lui mais du regard que Geoffroy saurait - ou non - poser sur la situation.

-Je ne disais pas cela pour une raison particulière, répondit Gwendall dans un fin sourire, mentant du mieux qu'il le pouvait et sans franchement d'enthousiasme. Mais parfois, on espère une chose avec tant d'insistance et d'énergie qu'elle nous paraît bien... fade en comparaison de ce qu'on s'était imaginé.

D'accord, Gwendall ne se faisait pas d'illusion. Il savait très bien que Geoffroy était totalement sous le charme de la nouvelle Féerie. Comme il était resté incontestablement sous le charme de son épouse. Mais ce n'était que le début. Peut-être, qui sait, qu'il réaliserait au fil du temps l'erreur qu'il avait commise. Et peut-être admettrait-il alors qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture, et que l'histoire qu'on lisait à l'intérieur était bien plus sinistre.

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Gwendall lui apprit qu’il ne disait pas cela pour une raison particulière. Geoffroy était plutôt d’avis de croire qu’on ne disait jamais rien pour rien, mais l’homme se justifia bien rapidement. L’homme précisa que par moment, on pouvait très bien espérer quelque chose si profondément qu’une fois qu’on l’obtenait, tout pouvait bien nous sembler fade. Geoffroy trouvait quand même les paroles de son interlocuteur particulièrement négative, mais en même temps il se rendait compte aussi qu’ils avaient changé. Forcément qu’ils avaient changé. Geoffroy n’était pas toujours très positif non plus, il avait quand même sacrément broyé du noir pendant qu’il se trouvait dans le monde de l’autre côté de l’océan. Mais là, forcément, depuis qu’il s’était retrouvé de nouveau à Féerie, qu’il avait retrouvé Jocaste, l’homme ne pouvait pas s’empêcher de voir le monde d’un œil bien différent, d’être parfaitement heureux tout simplement.

Il ne pouvait pas être certain que ça allait forcément durer, mais en même temps il jugeait quand même que rien ne pouvait le décevoir ici, pour la simple et bonne raison qu’il avait retrouvé son monde, son pays, son royaume et surtout son épouse. Mais en même temps, il ne pouvait pas non plus complètement renvoyer les paroles de son interlocuteur, parce qu’il savait que ce dernier avait un avis bien plus objectif de la situation.

« C’est vrai que notre imagination peut nous jouer des tours. » Répondit-il, ne mettant donc pas en doute les paroles de son ami quand il affirmait qu’il avait simplement dit ça comme ça. « Je dois bien reconnaître que j’aurais préféré quand même avoir un accueil plus chaleureux de la part du roi, qu’il soit moins suspicieux à mon encontre. Les retrouvailles que j’avais imaginé avec Jocaste étaient forcément différentes. » Il avait pensé la trouver dans leur demeure déjà et non pas au château de Féerie. Il avait craint que son épouse ait refait sa vie après tout ce temps, parce qu’elle le pensait mort. Mais non, il avait pu retrouver pleinement son épouse et elle n’était l’épouse de personne d’autre. Ils auraient forcément des regrets bien sûr, tous les deux, mais au moins ils pouvaient reprendre le court de leur vie. « Mais je ne pense pas du tout que je serais déçu par quoi que ce soit. » Ajouta-t-il, pour rassurer son ami.

Parce qu’il avait le sentiment, vraiment, que Gwendall se faisait surtout du souci pour lui. Forcément, Geoffroy avait quand même passé tellement de temps en dehors de ce royaume, loin de tout et de tout le monde. Beaucoup de chose avait changé, il était normal de se demander s’il ne pourrait pas être déçu en un sens, ou en tout cas de s’inquiéter qu’il ne le soit pas. Mais Geoffroy n’avait aucune envie de laisser Gwendall s’inquiéter d’une quelconque manière. La seule chose qu’il voulait, c’était donc de le rassurer et qu’il sache bien qu’il n’avait pas peur de son côté d’être déçu.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

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wendall essayait de mettre son ami en garde du mieux qu'il le pouvait, mais difficile de le faire sans se trahir. Une part de lui aurait envie de tout révéler à son ami d'antan. Lui apprendre ce qui se tramait réellement en Féerie, lui dire directement qu'il ne devrait pas se réjouir dans tant d'abondance, qu'il devrait se méfier de cet endroit où tout devrait lui être naturellement hostile, pour son propre bien. Il voudrait lui parler de ses filles, du roi, de ce qu'avaient fait les Basiel, de ce que lui-même avait fait... Il aurait envie de lui donner une vue d'ensemble plus réaliste des faits, mais il n'en fit rien, il ne pouvait pas se le permettre.

Alors, tout ce qu'il pouvait faire, c'était espérer que le choc ne soit pas trop brutal pour Geoffroy, que quand le voile d'illusion se lèverait (il finissait toujours par se lever), il parviendrait à l'accepter sans trop souffrir. Au moins ne serait-il pas seul... Mais Jocaste était à la solde des Basiel, elle avait de longue date négligé tout jugement pour se concentrer uniquement sur la royauté... Il ne revenait pas le mieux entouré, même si lui-même devait croire qu'il n'aurait pas pu espérer mieux. Là encore ? Comment le lui dire exactement ? Eh bien, il ne pouvait pas le lui dire, c'était aussi simple que cela.

Geoffroy en profita pour lui apprendre que le roi ne lui avait pas réservé le meilleur des accueils. Ce n'était certainement pas une surprise. Concernant Edgar Basiel, c'était déjà surprenant qu'il ait choisi de garder Geoffroy en vie. Dans le doute, il aurait pu décider de le supprimer, tout simplement. Mais même s'il l'avait gardé en vie, il n'y avait sans doute pas de quoi s'en réjouir non plus. Il était bien probable que l'homme soit en sursis, le temps que le roi se serve de lui pour recueillir ce qu'il exigeait d'informations sur l'autre royaume. Mais peut-être Gwendall manquait-il singulièrement d'objectivité à ce sujet.

-C'est tout ce que je te souhaite, répondit Gwendall dans un sourire. Il voyait difficilement comment le bonheur de son ami pourrait se faire sans désillusions, mais il décidait de garder cela pour lui, il devinait que c'était nettement préférable. Alors il décida d'embrayer sur un tout autre sujet, mais qui l'intéressait tout autant, à vrai dire. Et dis-moi, comment était-ce, le royaume du bout de l'océan ? Tu ne m'en as rien dit.

Geoffroy y avait passé presque la moitié de sa vie, c'était là une expérience qui avait forcément dû avoir une influence sur lui, qui avait dû le marquer, le changer, et Gwendall s'interrogeait... d'autant plus que lui-même n'avait jamais foulé ces terres, même du temps de la guerre.

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Geoffroy prenait peut-être un très grand risque en affirmant qu’il ne pensait pas qu’il serait déçu par quoi que ce soit en revenant dans son royaume, dans son monde et auprès de son épouse, tout cela évidemment en le pensant très clairement. Il prenait peut-être un risque parce que au fond, il ne pouvait pas non plus en avoir la certitude. L’homme se sentait sûr de lui, mais il savait bien qu’en réalité, ça ne dépendait pas vraiment de lui. Tant pis s’il se contentait de se bercer d’illusion et qu’il allait réellement être déçu par les événements, à ce stade là il ne pourrait que s’en prendre à lui-même. Et donc, il préférait largement se dire que rien ne pouvait entacher son bonheur et sa joie d’être de retour chez lui. En même temps, c’était juste inespéré qu’il puisse se retrouver à Féerie de nouveau. Pendant longtemps, ça avait été bien parti pour qu’il termine ses jours dans le royaume du bout de l’océan, pour son plus grand malheur.

Et en parlant de ce royaume, Gwendall se montra un peu plus curieux à ce sujet. Geoffroy n’était pas réellement étonné, c’était normal. On lui posait beaucoup de question sur ce royaume, Jocaste la première. Ce n’était pas forcément si agréable que cela de revenir sur ce détail, mais il comprenait très bien que ses compatriotes puissent être curieux au sujet de cet endroit qui était particulièrement différent de leur monde à eux.

« Oh, tu sais dans le genre déception, c’est clairement au sommet. » Commença-t-il. Geoffroy avait conscience qu’il ne se montrait pas très agréable avec le royaume dans lequel il avait quand même passé la moitié de sa vie, mais en même temps ça n’avait pas été la bonne moitié de sa vie. « Il y fait très chaud, beaucoup trop chaud. Même si au final, on s’y habitue quand on n’a pas le choix. Et les habitants sont… biens différents qu’ici. Il y a beaucoup plus de pauvreté, de crime, de… malheureux je dirais. » À cause de Féerie ? Oui, mais ce n’était pas comme ça que Geoffroy voyait les choses. « Pour s’en sortir là-bas, on n’a pas vraiment d’autres choix que de se débrouiller par soi même et pas toujours de façon très conventionnelles… » Geoffroy faisait clairement une généralité de son expérience, mais c’était ainsi qu’il avait vécu ces années là-bas et ainsi qu’il ne pouvait que les décrire. « C’est très loin d’être un endroit accueillant, il n’y fait pas très bon vivre. » Mais encore une fois, c’était très clairement parce que de son côté, Geoffroy n’avait pas forcément fait d’effort non plus. « Enfin… il y a quand même quelques personnes qui sortent du lot. Je sais bien que je n’aurais pas pu m’en sortir sans l’aide de certains habitants de ce royaume. »

Après tout, il avait été laissé pour mort là-bas et on l’avait sauvé. Mais ça ne rattrapait pas tout ce que ce royaume lui inspirait pour autant.

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wendall n'était pas forcément surpris d'entendre son interlocuteur lui apprendre que le royaume du bout de l'océan se révélait être, au bout du compte, une grande déception. Comme beaucoup d'autres, et pour n'y avoir jamais mis les pieds, c'était un endroit que le paysan avait largement idéalisé, mais il en était revenu, comme de beaucoup de choses, au fil des événements et des désillusions. Après le décès de Victoria, le royaume du bout de l'océan ne pouvait plus qu'être associé à son mensonge le plus ignoble et le plus honteux, et il n'était plus possible de s'illusionner, de s'obstiner dans la rêverie d'un monde inaccessible quand la réalité nue, si cruelle, vous rappelait à l'ordre et ne vous laissait aucune forme d'illusion. Alors en effet, il voulait bien croire Geoffroy, et n'envisagerait certainement pas de remettre son discours en question. En revanche, il restait tout de même curieux d'en apprendre plus. Il y avait tant de choses qu'il ne savait pas, tant de choses qu'il lui restait à appréhender. Il ne savait pas si cela lui servirait d'apprendre tout cela, ou si cela ne ferait qu'empirer les choses, dans tous les cas, il voulait entendre ce que son interlocuteur avait à lui dire, ni plus ni moins.

La chaleur était insoutenable, ça, c'était un discours récurrent, même chez ceux qui voulaient porter aux nues l'autre royaume, mais le reste était beaucoup plus intriguant. Et alarmant par la même occasion. Une pauvreté exacerbée et, par conséquent, une criminalité à son maximum, les deux allant rarement l'un sans l'autre. Gwendall comprenait au discours de Geoffroy que ce dernier avait dû faire des choses vraiment regrettables pour s'en sortir. Fallait-il l'en blâmer ? Certainement pas. Il avait fait ce qu'il fallait pour survivre, et rare Féerien survivant dans un monde qui ne voulait plus l'accueillir, la vie n'avait vraiment pas dû être facile pour lui.

-Ces gens restent des individus dotés de conscience comme toi et moi, je suppose qu'on ne peut catégoriser personne en fonction de ses origines, ce sont les circonstances qui façonnent notre comportement... Gwendall marqua une pause. Je suis content que tu sois revenu parmi nous... Je ne te trouve pas aussi changé que je ne l'aurais soupçonné. Il esquissa un sourire. Ce n'était peut-être pas le genre de choses que Geoffroy avait envie d'entendre, mais peu importe, il disait ce qu'il pensait, tout simplement. Est-ce que tu n'as pas la tentation d'y retourner, parfois ? demanda-t-il, alors, curieux.

Ce n'était pas forcément la chose la plus avouable au monde, mais ce serait tout de même compréhensible malgré tout. Il avait passé tant de temps là-bas, ça se comprendrait aisément, ne serait-ce que pour retrouver les personnes qui l'avaient aidé là-bas.
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Geoffroy devait bien avouer que ce que Gwendall lui disait n’était pas spécialement ce qu’il avait eu envie d’entendre, quand bien même il pouvait reconnaître que son ami avait en partie raison sur ce ses propos. Les habitants du royaume du bout de l’océan restaient des personnes dotées de consciences, et qu’on ne pouvait pas juste catégoriser une personne sur ses origines. Comme ces derniers ne manquaient pas de le faire d’ailleurs. Quand on était un féérien sur ces terres chaudes, il était évident qu’on était mal vu parce que ce royaume avait souffert de la guerre et qu’ils portaient les féeriens comme responsables de leur malheur (même si Geoffroy se disait surtout qu’ils étaient leur propre responsable). Geoffroy n’avait pas spécialement apprécié d’être catégorisé seulement parce qu’il venait d’un autre endroit – même s’il n’avait jamais eu envie de s’intégrer dans ce royaume, son désir le plus profond avait toujours été de s’en aller le plus rapidement possible –, il semblait quand même logique qu’il n’en fasse pas de même… et pourtant, il ne se retenait pas de le faire. Non, il ne pouvait pas faire autrement, il y avait définitivement un fossé entre eux et Geoffroy ne parvenait pas à accepter une quelconque appartenance à ce royaume. Même s’il avait conscience qu’il devait beaucoup à certaines personnes de ce royaume, qui l’avait aidé quand il avait été laissé pour mort et à la suite aussi.

L’homme ne prit pas la peine de répondre à la remarque de Gwendall, quand ce dernier lui affirma qu’il ne le trouvait pas aussi changé qu’il l’aurait cru. De toute façon, son ami lui posait déjà une autre question, qu’il devait reconnaître être un peu plus… délicate. La réponse était évidente, oui, mais en même temps : eh bien, il y avait un « mais ».

« Je n’ai absolument rien là-bas qui puisse me donner envie d’y retourner. » Ce n’était pas complètement vrai. Clifford se trouvait toujours dans le royaume du bout de l’océan, sans avoir cette envie de retrouver leur terre natale puisqu’il avait trouvé ce qu’il lui fallait dans leur lieu de vie des dernières années. Et par moment, Geoffroy devait bien avouer qu’il avait beaucoup plus de repère dans cet endroit où il avait vécu une vingtaine d’année, plutôt que là où il était né. Tout était si différent ici maintenant, il ne pouvait pas mener la vie qu’il avait mené autrefois, il ne reconnaissait plus grand-chose. « Je dois… » Geoffroy marqua une pause, ne sachant pas s’il devait réellement exprimer le fond de sa pensée. « Je dois reconnaître que j’ai beaucoup plus mes marques là-bas. J’avais fini par croire que je mourrais là-bas. » Même s’il n’avait pas eu envie de perdre espoir, on ne pouvait quand même pas dire que ça avait été évident. « Mais je n’ai aucune tentation d’y retourner. Au contraire, j’aurais trop peur d’être à nouveau coincé dans cet enfer. »

Les mots étaient dures, mais Geoffroy considérait vraiment cet endroit comme un enfer vivant.

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wendall n'était pas certain d'être capable de croire son ami sur parole quand ce dernier affirmait qu'il n'y avait rien, de l'autre côté de l'océan, qui pourrait lui donner envie d'y retourner. Cela lui semblait au fond impossible. Même si les conditions de vie avaient dû être difficiles, il était tout de même resté deux décennies là-bas, et s'il en avait peut-être gardé des séquelles, celles-ci ne se constataient pas à l'oeil nu. Pour la peine, il était plus simple de se dire, ou de supposer du moins, qu'au milieu de toutes les difficultés qu'il avait rencontrées, il avait tout de même dû se passer quelques instants mémorables dans le bon sens du terme. Il avait sûrement fait des rencontres plus heureuses que d'autres, également... ceci dit, le paysan n'avait pas la moindre intention d'insister, d'autant que, pour sa part, il préférait entendre ce genre de discours. Il n'était pas pressé de voir son ami repartir dans l'autre royaume alors qu'il était de retour en Féerie, chose que Gwendall avait cru positivement impossible.

D'ailleurs, Geoffroy s'autorisa tout de même plus d'honnêteté, et Gwendall préférait cela, dans le fond, d'autant que cela lui semblait logique. Il n'y avait rien d'illogique et encore moins de honteux à admettre que c'était là-bas qu'il avait appris à prendre ses marques et qu'il lui était plus difficile de s'adapter ici. Cela semblait infiniment logique, en vérité. Et Féerie avait tant changé depuis la dernière fois qu'il s'y était trouvé. Certes, par de nombreux aspects, on pouvait sans doute affirmer que c'était en mieux, mais Gwendall afficherait tout de même quelques réserves à ce sujet. Disons qu'il ne fallait pas trop s'attarder à creuser sous la surface pour le croire. Et creuser sous la surface, il était très possible que Gwendall se soit plu à le faire un peu trop pour sa part.

-Je dois bien admettre que ta réponse me rassure, je n'aurais pas franchement aimé te voir repartir de sitôt, pas après tout ce temps, dit-il avec un fin sourire.

Il n'allait pas mentir, même si la situation était complexe ici, il préférait savoir son ami de ce côté de la barrière, même si Féerie avait ses propres barrières, et qu'en l'occurrence, Gwendall n'était pas totalement certain qu'ils soient encore dans le même camp (mais en même temps, Gwendall lui-même n'est pas tout à fait certain de ce qu'est son camp plus exactement).

-Est-ce que je peux te proposer de venir chez moi prendre un verre ? Mais tu as peut-être fort à faire. Jocaste doit t'attendre, je suppose. Je ne voudrais pas te dérober à son temps, vous en avez tellement à rattraper.

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