Ce qui est bien pour l'un, peut être bon pour l'autre. (Edgar)

Quand on recevait une convocation du roi, ça n’était pas forcément bon signe. On avait demandé à Abygaëlle de venir trouver le roi Edgar, puisqu’il souhaitait lui parler et mine de rien, elle ne pouvait pas complètement nier qu’elle craignait un peu cette rencontre. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais elle savait que ce n’était pas forcément anodin non plus, sinon Edgar ne prendrait pas la peine de lui parler directement. Abygaëlle avait toujours eu beaucoup plus d’affinité avec la reine, il lui était plus facile de lui parler. En même temps, Edgar faisait régner un respect et une pression comme nulle autre. Et au vu de la situation, il semblait évident qu’il fallait se méfier.

Cela dit, Abygaëlle se disait que cela pouvait avoir très fortement un rapport avec sa fille… celle qui avait épousé le prince et non pas celle qui se trouvait elle ne savait où. Elle espérait en tout cas que cela avait bien un rapport avec Anna et non Eleonore, elle n’était pas forcément à l’aise avec l’idée que sa fille cavale dans la forêt pour elle ne savait quelle raison. Enfin… sinon, dans le but de rendre ce monde moins mauvais sans doute. Mais elle jugeait que si tout cela avait eu un rapport avec Eleonore, il aurait demandé à Gwendall de venir également, ce qui n’était pas le cas. Alors, elle se penchait plus sur Anna… et le fait qu’elle avait quand même l’intention de tout faire dans le but que sa princesse de fille fournisse un enfant au futur souverain du royaume. Ce qui n’était clairement pas gagné, si le prince ne touchait pas sa fille, trop romantique et amoureux était-il de sa soeur… Elle savait que la sorcière doutait d’elle au sujet de la requête qu’elle avait demandé, elle savait que celle ci avait l’intention de vérifier que Edgar serait en accord avec son projet et Abygaëlle l’avait invité à en parler au souverain de Féerie. Parce qu’elle était persuadée que tout cela allait dans leur sens à tous les deux, que le roi ne verrait pas d'inconvénient à ce que leurs enfants aient quand même un héritier. Mais elle espérait quand même qu’il ne prendrait pas mal le fait qu’elle ait décidé de prendre un peu les devants…

Elle n’était donc pas sereine en se rendant à cette rencontre, même si elle ne regrettait pas ce qu’elle avait fait. Elle n’avait pas tout sacrifié dans le but que ça ne mène à rien. Anna était la princesse, elle avait épousé Gabriel, il était important que ce mariage porte ses fruits, sinon tout ce qu’ils avaient perdu serait vain.

“Bonjour monseigneur.” Dit-elle en faisant la révérence devant le roi, quand elle fut conduite devant lui. “Vous souhaitiez me voir ?”

Et la question était plutôt, pourquoi ? Elle préfèrerait clairement qu’ils entrent dans le vif du sujet tous les deux, même si elle savait que Edgar n’était pas du genre à tourner autour du pot. Quand il avait quelque chose à dire ou à faire, il ne prenait pas quatre chemins.

Abygaëlle afficha un léger sourire et hocha de la tête quand son roi la remercia d’être venue. Est-ce qu’elle avait eu le choix ? Absolument pas. Quand Edgar Basiel vous convoquait, vous avez tout intérêt à vous rendre auprès de lui sans émettre la moindre résistance. Autant dire qu’il n’avait donc pas besoin de la remercier, elle n’avait pas spécialement accepté ou non de venir, elle s’était contentée de répondre à l’ordre. Cela dit, Abygaëlle espérait que cette entrée en matière pourrait souligner éventuellement une conversation qui ne saura pas trop dure ensuite.

Abygaëlle tenta de ne pas montrer un certain malaise quand elle entendit le roi affirmer qu’il avait eu une conversation édifiante avec Odelle Saurre. Cette sorcière avait sans doute profité de sa conversation avec Edgar pour donner seulement sa version des faits et en la descendant, c’était sûr et certain. Abygaëlle ne faisait pas confiance à cette sorcière, le seul intérêt était qu’elle semblait sous les ordres de Edgar. Elle se doutait que cette femme avait donc tournée la conversation en son avantage et c’était pour cela que Abygaëlle se sentait un peu tendue… elle espérait que son initiative ne sera pas trop mal prise par Edgar. Ce dernier pourrait très bien lui faire payer son audace et elle était bien placée pour savoir qu’il avait de nombreuses méthodes.

« C’est vrai. » Répondit-elle, gardant la tête haute. Cela ne servait à rien qu’elle mente de toute façon, et elle assumait la demande qu’elle avait fait à Odelle. Ce qui l’inquiétait était surtout sur la manière dont les choses s’étaient passées, mais elle n’avait aucune envie d’outrepassé l’autorité de son roi. « Je suis allée la trouver pour savoir si elle était capable de faire une telle chose, sans que cela n’ait trop d’effet secondaire désagréable. Avec sa confirmation, j’attendais de pouvoir vous en parler de vive voix pour vous proposer l’idée. »

Elle n’aurait de toute façon rien fait sans l’accord de Edgar. Pas parce qu’elle le respectait, mais parce qu’elle craignait pour sa réaction. Elle savait qu’elle ne pouvait pas prendre le risque de faire quelque chose dans son dos, le plus important était donc d’avoir son accord, son avale. Cela dit, elle n’avait jamais réellement douté du fait que le souverain sera de son avis et qu’ils pourraient agir ensemble dans ce sens. Ce mariage avait un but, il était temps que Anna devienne mère et qu’elle porte l’héritier du trône. Ce qui ne risquerait pas d’arriver si Gabriel continuait de se perdre dans les sentiments qu’il avait pour Eleonore sans jamais prendre la peine de s’occuper de son épouse comme il se devait. Anna n'aurait peut-être pas besoin de ce coup de main extérieur, mais Abygaëlle devait bien avouer qu’elle se disait que ça marcherait mieux ainsi.